Little Bouddha le film de Bertolucci a été à l’affiche en novembre 2006 à la télévision sur ciné cinéma (la chaîne ciné émotions), ci-dessous vos impressions sur ce film.
On peut admirer le talent du metteur en scène. c’est une idée astucieuse que d’avoir raconté l’histoire du Bouddha au travers de la découverte d’un enfant. Il s’agit certes d’une histoire mythique, mais il y a une certaine atmosphère spirituelle, et cela permet de se rappeler que le Bouddha était indien (et pas tibétain !) et qu’il cherchait l’Eveil.
Il faut se référer à l’excellent livre « Le Bouddha Historique » de Hans Wolfgang Schumann édité chez Sully, pour voir qu’on est très loin de la réalité. Néanmoins, c’est l’occasion de faire passer auprès du grand public quelques enseignements bouddhistes, même si leur formulation est à mettre en question.
D’ailleurs, j’ai été frappée d’entendre le lama tibétain rappeler vers la fin que l’essentiel du bouddhisme c’est la compassion. J’avais cru comprendre que c’était d’atteindre l’Eveil, mais j’ai peut-être sauté un chapitre ?
La question de la réincarnation qui est abordée au travers de ces trois tulkus est intéresssante, même si on peut regretter que le point de vue tibétain soit présenté comme le point de vue bouddhiste, alors que ce qui est dit est plus proche du point de vue hindou.
Pour rester sur le point de vue tibétain exposé dans le film, les enfants choisis paraissent bien peu convaincants. Alexandra David-Neel a rapporté des histoires vraies infiniment plus frappantes que ces trois enfants qui sont tout juste capables de désigner un chapeau. Il faut remercier le metteur en scène d’avoir inclus une fillette pour rappeler que le principe conscient qui se réincarne n’a pas de sexe. Néanmoins, l’attitude revendicatrice de la fillette dans cette sorte de concours m’a franchement gêné, la rencontre entre les trois « incarnations » était fabriquée au possible.
Le fait que la mère du tulku américain ne vienne pas au Bhoutan avec le père évite la perturbation qu’aurait causé une présence féminine dans un monde dont je ne peux m’empêcher de constater qu’il est entièrement masculin : on ne voit pas une seule nonne !!
Une fois de plus, le bouddhisme tibétain que montre les médias apprend au monde que les seuls prétendants à une quête spirituelle sont les hommes.
La tentation du Bouddha avant son Eveil final est assez insupportable et représentative de l’état d’esprit de moines frustrés. Les cinq obstacles à l’Eveil sont les filles de Mara. Autrement dit, ce sont les femmes qui, par leur seule présence qui suscite le désir sexuel du méditant, sont les obstacles et non le désir lui-même…
C’est intéressant de comparer cette scène à la tentation du Christ dans les Evangiles où le diable propose pouvoir et richesses sans aucune évocation des femmes. Doit-on en conclure que les rédacteurs des textes bouddhiques n’avaient rien compris à ce qui se déroulait dans leur mental ?
Enfin, je trouve vraiment dommage qu’un film grand public, destiné à faire passer quelques messages sur le bouddhisme, parle du Bouddha dans un contexte uniquement tibétain, sans jamais dire un mot des autres courants du bouddhisme comme si le bouddhisme tibétain représentait tout le bouddhisme.Carine
Bonjour, à propos du film little bouddha, il y a des choses assez bien faites mais je trouve que les tulkus ne sont pas du tout crédibles. J’ai lu moi aussi les livres de Stevenson et il y a là des cas bien plus intéressants. Ces enfants n’agissent pas du tout comme des réincarnations d’un maître, ils ne semblent même pas émus quand ils se retrouvent dans un environnement monastique, qui devrait évoquer en eux des souvenirs, c’est-à-dire si vraiment ils étaient des tulkus. Sylvaine
Bonjour,
J’ai regardé Little Bouddha. Le film lui-même n’a pas d’autre ambition que de faire découvrir quelque chose d’une belle histoire au public. Côté bouddhisme tibétain, tout de même, cet oracle animiste en transes donne une curieuse image du bouddhisme. Et puis, pourquoi 3 tulkus ? le Dalaï lama et d’autres lamas n’ont pas plusieurs réincarnations ? Et d’ailleurs, est-ce que les spectateurs vont réaliser que ce rituel des tulkus n’est pas bouddhiste, mais spécifiquement tibétain ? Danielle