Le 24 septembre 2007, Aung San Suu Kyi a été enfermée à la prison d’Insein.
Daw Aung San Suu Kyi, née le 19 juin 1945 à Rangoun en Birmanie (appelée aussi Myanmar), est la figure emblématique de l’opposition birmane à la dictature militaire. Elle s’est fait connaître du grand public en recevant le prix Nobel de la paix en 1991 pour ses actions non violentes. Elle est secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), opposée à la dictature en place. Elle ne peut exercer son activité politique car elle est actuellement emprisonnée par la junte militaire au pouvoir.
Lors des interviews qu’il lui a été possible de donner durant toutes les années où elle a été emprisonnée, elle a toujours mis en avant la force que lui donne sa pratique bouddhiste et sa détermination de lutter d’abord intérieurement, notamment contre la peur dans des conditions où sa vie est constamment en danger.
Aung San Suu Kyi est la fille du leader de la libération birmane, le général Aung San. C’est lui qui a négocié l’indépendance de la Birmanie en 1947. Il est assassiné par des rivaux la même année. Sa fille Aung San Suu Kyi a seulement deux ans lors de la mort de son père. Elle vit avec sa mère et ses deux frères à Rangoun (appelée parfois Rangoon ou Yangon), la capitale du pays. Aung San Lin, l’un des frères de Suu Kyi, est mort accidentellement alors qu’elle avait huit ans.
Sa mère, Daw Khin Kyi, commence à s’engager dans les milieux sociaux et publics, gagne peu à peu une certaine importance dans le paysage politique du gouvernement des années 50 et 60 puis est nommée ambassadrice de la Birmanie en 1960 à Delhi, en Inde. Suu Kyi étudie à l’École anglaise catholique de Birmanie puis rejoint sa mère en Inde afin de terminer ses études secondaires au College Lady Shri Ram à New Delhi en 1964.
Suu Kyi déménage ensuite en Grande-Bretagne, où elle suit un cursus de philosophie, politique et économie au St. Hugh’s College d’Oxford de 1964 à 1967.
En 1972, elle se marie à Michael Aris, rencontré à Oxford alors qu’il étudiait les civilisations tibétaines. En 1973, Suu Kyi donne naissance à son premier enfant, Alexander, à Londres. En 1977, elle a un second enfant, Kim, né à Oxford. Suu Kyi vit alors entre le Royaume-Uni et le Bhoutan, pays où habite son mari, car il fait à cette époque une étude sur l’Himalaya et le Tibet
Débuts politiques
Âgée de 24 ans, la jeune étudiante déménage pour New York en 1969, entame un second cycle d’études supérieures et devient secrétaire-assistante du Comité des questions administratives et budgétaires des Nations unies.
Plus tard, en 1988, Aung San Suu Kyi retourne vivre en Birmanie afin de s’occuper de sa mère vieillissante. Cette année-là, le général Ne Win, leader du parti socialiste au pouvoir perd peu à peu le contrôle du pays. Des manifestations éclatent dans tout le pays afin d’obtenir plus de démocratie, elles sont violemment réprimées par l’armée. Une nouvelle junte militaire prend le pouvoir. Fortement influencée par la philosophie non violente du Mahatma Gandhi, Suu Kyi entre petit à petit en politique afin de travailler pour la démocratisation du pays. Elle participe à la création de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) le 27 septembre 1988, qui promeut des réformes politiques en Birmanie. Suu Kyi est ensuite présidente de la LND et devient un symbole du désir populaire pour la liberté politique.
Elle est arrêtée le 20 juillet 1989, le gouvernement militaire lui propose la liberté à condition qu’elle quitte le pays, ce qu’elle refuse. Elle est mise plus tard en liberté « surveillée ».
Détention en Birmanie
En 1990, la junte militaire, sous la pression populaire, met en place des élections générales, qui sont gagnées très largement par le parti de Suu Kyi, la LND. Alors qu’elle doit occuper le poste de premier ministre, la junte militaire refuse le scrutin et annule le résultat des élections, malgré la réprobation internationale. Suu Kyi reçoit cette année-là le prix Sakharov et le prix Rafto, puis le prix Nobel de la paix l’année suivante. Elle reçoit la somme de 1,3 million de dollars qu’elle utilise pour établir un système de santé et d’éducation pour le peuple de Birmanie.
Elle est libérée de sa détention surveillée en juillet 1995, cependant il est clair que si elle quittait le pays afin de rendre visite à sa famille au Royaume-Uni, elle se verrait refuser le droit de revenir en Birmanie. En 1997, son mari Michael Aris est atteint du cancer de la prostate, le gouvernement birman lui refuse néanmoins le visa d’entrée pour visiter sa femme. La junte militaire essaie clairement de faire partir Suu Kyi afin de s’en «débarrasser». Suu Kyi ne reverra jamais son mari qui meurt en 1999. De plus elle reste séparée de ses enfants, qui vivent toujours au Royaume-Uni.
Elle se voit refuser le droit de rencontrer les membres de son parti plusieurs fois. En septembre 2000, elle est mise une fois de plus en maison d’arrêt. Le 6 mai 2002, après une négociation secrète entre les Nations unies et la junte militaire, elle est libérée. Suu Kyi a alors déclaré : « C’est une nouvelle ère pour le pays ».
Cependant le 30 mai 2003, elle est attaquée dans le village de Depayin par un groupe paramilitaire payé par la junte au pouvoir. Beaucoup de ses supporters sont tués ou blessés durant cette embuscade. Suu Kyi réussit à s’échapper grâce à son chauffeur Ko Kyaw Soe Lin, mais elle est arrêtée un peu plus tard. Elle est alors à nouveau emprisonnée à la prison de Insein à Yangon. Elle est ensuite transférée en maison d’arrêt en septembre 2003 à cause de ses problèmes de santé et d’une hystérectomie.
En mars 2004, Razali Ismail, un envoyé spécial des Nations unies peut rencontrer Aung San Suu Kyi, Ismail démissionne de son poste l’année suivante en partie parce qu’il s’est vu refuser l’entrée en Birmanie par la suite.
Le 28 novembre 2005, sans surprise, la junte militaire birmane prolonge de six mois l’assignation à résidence de la chef de l’opposition. Une prolongation prise en vertu de la loi de 1975 de la protection de l’État (Article 10b) visant à « protéger l’État d’éléments destructeurs » qui permet à l’État d’emprisonner quelqu’un pendant cinq ans sans jugement. Le 20 mai 2006, Ibrahim Gambari, un autre envoyé spécial des Nations unies peut rencontrer Suu Kyi, la première visite étrangère depuis 2004.
Le 27 mai 2006, l’assignation à résidence de Aung San Suu Kyi est prolongée d’un an ce qui provoque l’appel de Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies, à Than Shwe le dirigeant de la junte militaire. Le 9 juin 2006, selon un représentant des Nations unies pour un gouvernement de coalition nationale pour l’union de la Birmanie, Suu Kyi est hospitalisée suite à de sévères diarrhées. La junte militaire dénie l’information.
Le 19 juin 2006, Suu Kyi passe son soixante et unième anniversaire en maison d’arrêt, sa ligne téléphonique est coupée, son courrier filtré et elle n’a pas accès aux soins médicaux qu’elle désire. Des manifestations sont organisées devant les ambassades birmanes.
Le 14 mai 2007, un appel est lancé par une cinquantaine d’anciens dirigeants du monde entier pour la libération d’Aung San Suu Kyi. Son assignation à résidence actuelle expire le dimanche 27 mai.
Le 25 mai 2007, une nouvelle fois, le régime militaire birman prolonge d’un an son assignation à résidence.
Le 22 septembre 2007, l’opposante birmane assignée à résidence depuis 2003, est exceptionnellement sortie brièvement en pleurs de sa maison à Rangoun pour saluer des moines bouddhistes qui manifestent contre la junte militaire, pour la cinquième journée consécutive.
Soutien international :
Aung San Suu Kyi dispose d’un soutien assez important au Royaume-Uni et aux États-Unis, via la campagne pour une Birmanie libre (Free Burma Campaign).
En 2001, le groupe rock irlandais U2 a créé la chanson « Walk On », qui a été écrite et dédiée à Aung San Suu Kyi. « Walk On » est interdite en Birmanie. D’autres artistes comme Coldplay, R.E.M., Jane Birkin, Jim Carrey ou Damien Rice ont publiquement supporté Suu Kyi.
Elle a reçu le prix « Free your mind » (Libère ton esprit) par les MTV Europe Music Awards en 2003.
Le 17 juin 2005, plusieurs protestations ont eu lieu devant les ambassades birmanes partout dans le monde à l’occasion du soixantième anniversaire de Suu Kyi.
Plusieurs tentatives de pressions diplomatiques ont eu lieu de la part des États-Unis, des Nations unies et de plusieurs pays afin de libérer Suu Kyi.
Un film a été tourné par John Boorman sur la vie de Suu Kyi en 1995 : Beyond Rangoon (Au-delà de Rangoon).
Suu Kyi reçoit une assistance de l’association International IDEA depuis qu’elle est emprisonnée.
Le magazine américain New Statesman a élu en 2006 Suu Kyi « Hero of our time » (héros de notre temps). La même année, elle est classée comme la 47e femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes.
L’université belge Vrije Universiteit Brussel (Université Libre de Bruxelles) lui a offert le titre de docteur honoris causa.
Le 14 mai 2007, une lettre signée par une cinquantaine d’anciens dirigeants du monde entier (Bill Clinton, Jimmy Carter, Jacques Delors) appelle la Birmanie à libérer Aung San Suu Kyi.
Mise à jour – janvier 2012 :
Le 22 septembre 2007, l’opposante birmane assignée à résidence depuis 2003, est exceptionnellement sortie brièvement en pleurs de sa maison à Rangoon pour saluer des moines bouddhistes qui manifestent contre la junte militaire, pour la cinquième journée consécutive.
Le 24 septembre 2007, Aung San Suu Kyi a été enfermée à la prison d’Insein. L’assignation à résidence expire le dimanche 27 mai 2007, mais est reconduite sans autre forme de procès pour un an, et l’est de nouveau le 27 mai 2008, totalisant ainsi sept ans d’assignation à résidence forcée.
En septembre 2008, des inquiétudes s’expriment quant à sa santé, elle refuserait la nourriture qui lui est apportée par la junte militaire. En mai 2009, son état de santé est de plus en plus inquiétant (« Elle ne peut pas manger, sa tension est faible, et elle souffre de déshydratation », d’après son assistante médicale).
Aung San Suu Kyi est à nouveau placée en détention le 7 mai 2009 par les autorités birmanes. Selon la secrétaire d’État française Rama Yade, l’arrestation d’Aung San Suu Kyi, accusée d’activité subversive à quelques jours de sa libération, est un « prétexte manifestement recherché pour l’écarter du processus électoral, d’autant plus que la LND, le parti politique d’Aung San Suu Kyi, est totalement laminé ». L’objectif du régime est de « tout mettre en place pour arriver aux élections législatives de 2010 sans gêne, sans entrave ».
Le 10 août 2009, Aung San Suu Kyi est condamnée à 18 mois de détention, ce qui la prive de tout moyen de participer à l’élection générale de 2010. L’Union européenne menace la junte birmane de sanctions, et la Malaisie a appelé à une réunion d’urgence de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN)9. L’opposante birmane a décidé de faire appel.
Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, boycotte les élections législatives de 2010, les premières depuis la victoire de 1990, et la participation est faible.
Le 13 novembre 2010, aux alentours de 12 heures (heure française), la police birmane enlève les barrières posées devant la résidence d’Aung San Suu Kyi permettant sa libération, après de longues années dans sa résidence sous surveillance permanente. Elle est depuis autorisée à se déplacer librement.
Le 15 août 2011, elle a rencontré le président de la Birmanie : Thein Sein.
Le 30 novembre 2011 est sorti le film The Lady sur la vie de Aung San Suu Kyi, tourné avant sa libération et réalisé par Luc Besson. Le film omet nombre d’épreuves subies par Aung San Suu Kyi. La fin suggère que Aung San Suu Kyi va être libre à une époque où elle sera encore détenue pendant plusieurs années. Mais l’actrice est convaincante et on voit à quel point son mari a été une aide et un soutien pour elle, alors qu’il est en Angleterre et elle en Birmanie.
la bande annonce du film : The Lady :
Mise à jour décembre 2015
Le parti de Aung San Suu khyi vient de remporter les élections.
Voir le site français de soutien à Aung San Suu Kyi
L’un des problèmes auquel Aung SAn Suu Khyi est confronté de façon aigüe sur le plan éthique est celui des Rohingas, minorité musulmane, opprimée et victime de violences de la part des bouddhistes, lire un article d’avant les élections, mais qui reste d’actualité : Où en est Aung San suu Kyi ?