Spécial compassion du n° 20 – dix ans de présence sur le net
Au XVIIe siècle Ryonen Genso patronna une école pour éduquer les enfants du village autour de son temple ; probablement d’autres couvents offraient ce même service. Plus récemment, l’ordre des nonnes Soto qui suivait Ekan Daishi fonda un orphelinat après la Seconde Guerre mondiale, en prenant à cœur les mots de Dogen concernant les quatre vertus d’un bodhisattva:
Fuse: donner
Aigo: utiliser des mots aimants
Rigyo: s’oublier soi-même complètement dans l’effort d’aider d’autres personnes
Doji: vivre en s’aidant l’un l’autre
Les mots d’enseignement de Dogen offrent des méthodes claires pour la formation de bodhisattva au sein de la vie quotidienne. Les nonnes zen Soto ont pris ces instructions comme base pour leur pratique spirituelle et pour les guider dans leur service au monde. Elles ont utilisé les mots mêmes de l’enseignement de Dogen pour développer une éthique et des normes de travail pour la création d’une organisation d’aide aux orphelins. Les couvents et la vie monastique du zen japonais considèrent que la nature de bouddha est révélée par le comportement de tous les jours. Le centre de l’activité de tous les jours est la pratique et les cérémonies spirituelles, mais nous voyons ici une autre voie de la bouddhéité: le perfectionnement par l’aide désintéressée.
En plus de fournir des soins aux orphelins, les nonnes du Soto Zen au Japon sont aujourd’hui chargées de donner aux nouveau-nés leurs noms bouddhistes. La cérémonie de baptême exige de la créativité et une formation de calligraphe. L’occasion de la cérémonie de baptême d’un bébé fournit aux nonnes la possibilité de servir les familles de leur quartier, de développer les relations de la famille avec le bouddhisme zen, et d’ouvrir la possibilité pour les nonnes de devenir et de rester en contact avec l’éducation de l’enfant.
Au huitième siècle, l’impératrice Komyo, qui était une bouddhiste fervente, pensait que Bouddhisme veut dire fournir des soins aux plus démunis. Elle construisit des sanctuaires où les gens pauvres pouvaient recevoir des services ; le logement, les soins et les médicaments étaient fournis pour les personnes sans-abri ou les pauvres. L’impératrice Komyo parraina la construction de monastères et de couvents bouddhistes ainsi qu’une clinique et un dispensaire (Seyaku-in) et un refuge pour les sans-abri et les orphelins (Hiden-in). Elle travaillait en personne dans ces institutions dans le cadre de sa pratique bouddhiste. Une légende dit qu’elle construisit également un établissement de bains pour garder son vœu de nettoyer personnellement le corps d’un millier de lépreux.
Extrait de Zen Women – beyond tea ladies, iron maidens and macho masters – par Grace Schireson – traduction Bouddhisme au féminin