Shinso Ito est à la tête de l’ordre bouddhiste de Shinnyo-En (issu de la tradition Shingon).
Fondé au Japon en 1938, l’ordre bouddhiste de Shinnyo-En s’est implanté en France en 1985 et y revendique 1500 membres.
A la Grande Arche de la Défense en 2007, au moment des troubles en Birmanie, elle est venue assister à une cérémonie pour la paix dans le monde. C’était une cérémonie bouddhiste sous-titrée « invocation pour la paix dans le monde ». Alors justement que le monde s’interroge sur le sort réservé aux centaines de moines bouddhistes arrêtés en Birmanie, cette cérémonie de Saisho, organisée en grande pompe à la Grande Arche de la Défense et retransmise dans les temples d’une vingtaine de pays, aurait pu tourner à une démonstration de soutien à la « révolution safran ». C’était sans compter sur la diversité et la complexité des courants bouddhistes et la très grande retenue de leurs dignitaires.
En l’occurrence, le chef spirituel de Shinnyo-En, courant du bouddhisme japonais organisateur de ce rendez-vous, n’a pas évoqué autre chose que « l’altruisme, pour qu’il y ait la paix et l’espoir dans le coeur de chacun » devant les quelque deux mille participants, en quasi-totalité des adeptes de l’ordre, venus de toute l’Europe et du Japon.
Ce n’est que devant un parterre de quelques dizaines de VIP triés sur le volet que Shinso Ito – une femme – ayant abandonné sa robe d’apparat pour une tenue de ville moins flamboyante a précisé avoir célébré cette cérémonie en priant « pour les victimes des catastrophes naturelles et des conflits en cours aujourd’hui dans le monde, et particulièrement à l’attention des moines du Myanmar (Birmanie, NDLR) et des journalistes tués ces derniers jours en réclamant la liberté ».
Interrogée plus avant par quelques journalistes, elle n’en dira pas plus, répétant inlassablement que c’est « la prière qui donnera de la force à l’espoir de paix ». Son interprète, Martin Hosch, un Allemand responsable du mouvement Shinnyo-En en France, avait prévenu : « Cette cérémonie traditionnelle est prévue depuis longtemps et n’a pas vocation à faire de distinction sur les souffrances religieuses ni à se prononcer sur une situation politique. » Les fidèles n’attendaient d’ailleurs rien de tel, submergés par la magnificence de la manifestation et l’émotion née de la présence de leur chef suprême, venue spécialement du Japon pour la circonstance.
Fondé par le moine Shinjo Ito en 1938, Shinnyo-En est un courant du bouddhisme ésotérique japonais, officiellement reconnu en tant qu’ordre indépendant par les autorités nippones en 1953.
Il revendique 850 000 membres actifs à travers le monde et s’est implanté en France en 1985, par l’ouverture d’un temple à Paris, d’abord dans le XVIe, puis dans le XVIIe arrondissement. Un autre temple s’est ouvert dans un château d’Indre-et-Loire. La France compte près de 1 500 pratiquants.
« La fréquentation du temple n’est pas une obligation, mais il est important de participer aux méditations formelles et de recevoir l’enseignement de Bouddha, ce qui se fait au temple, en plus des méditations informelles et des prières quotidiennes que l’on fait chez soi », explique Dominique Pasquet. Ce Français est parti travailler au Japon en 1989. Invité à assister à la célébration du 8 avril, jour de la naissance de Bouddha, il a été « impressionné par cette cérémonie ainsi que par l’esprit de tolérance et d’ouverture qui en émanait ».
Sa curiosité s’est transformée en véritable réflexion philosophique, puis religieuse, la frontière entre les deux registres étant propre à chaque adepte. Dagma Hufeld, jeune violoniste allemande, a rencontré Shinnyo-En grâce à une amie : « J’ai vu comment le bouddhisme l’a transformée et rayonnait autour d’elle. Je m’y suis intéressée et je pratique moi-même depuis huit ans. »
Rien n’est trop beau pour Bouddha et l’ordre n’a pas lésiné sur les moyens (2 millions d’euros) pour offrir à ses invités et à ses adeptes une inoubliable première européenne de la cérémonie de Saisho (le rite de l’eau, symbole de compassion). La tradition Shingon, dont le courant Shynnio est issu, est très colorée et très codifiée, le rituel s’ouvrant par les roulements de taiko, le tambour japonais. Point de sobres robes safran, mais un déploiement de tenues de fête brillantes et multicolores, le vermillon étant réservé au chef spirituel dont chaque apparition, très attendue, est saluée, selon les circonstances, par des applaudissements ou des gestes de prière.
Shinso Ito, fille du fondateur du courant, est la première femme à parvenir au rang de chef suprême d’un ordre traditionnel en onze siècles d’existence du bouddhisme japonais. Shinnyo-En se veut accessible à chacun, sans discrimination sexuelle, sociale ou géographique. Selon ses responsables, il est financé exclusivement par les dons personnels des fidèles.
Source article : le Figaro