En relation avec la rubrique déconditionnons-nous, un regard sur les modèles offerts quotidiennement aux enfants.
A l’occasion du 8 mars, il y a eu plusieurs débats pour évoquer à nouveau, comme tous les ans, le décalage hommes/femmes des salaires, des retraites, le plafond de verre dans les entreprises, le chomage, le travail journalier supplémentaire des mères de famille, etc. bref tout ce qui se dit d’année en année, sans que ça bouge beaucoup. Mais je n’ai pas entendu un mot sur le conditionnement des enfants, et pourtant… ceci est le résultat de cela, bien évidemment. Il m’a fallu du temps pour en prendre conscience.
J’en ai déjà parlé dans cette tribune, je voudrais donner de nouveaux exemples : la popularité de la BD Astérix et Obélix, héros mâles faisant l’apologie constante de la violence, le savoir étant entre les mains du druide, lui aussi mâle bien entendu, et que dire des stéréotypes de femmes dans cette BD ? un autre exemple : Lucky Luke, l’homme qui tire plus vite que son ombre, avec à nouveau un combat perpétuellement renouvelé entre mâles et des femmes qui sont autant de caricatures. On peut encore remonter à la génération précédente avec Tintin dont les personnages sont tous masculins.
Parlons du jeu video éducatif japonais qui fait le bonheur des parents : le professeur Layton, ce jeu met en scène comme son nom l’indique un professeur homme qui interroge — vous l’aurez deviné — un jeune garçon bien sûr ! et les fameux « pokémons » sortis de l’imagination fertile d’un autre japonais : la vedette en est Sacha, un jeune garçon. L’essentiel de la série porte sur des combats, avec des dresseurs pour apprendre aux « pokemons » à se dresser les uns contre les autres. Il peut y avoir ici et là une figure féminine, mais c’est du remplissage, un personnage secondaire qui n’a pas d’intérêt réel.
De le savoir, de le voir, de questionner les films, les dessins animés, les publicités, les jeux, c’est déjà un pas vers un changement possible, vers une prise de conscience. Oui, tout est conditionnement, faisons l’apologie de la non-violence, d’hommes pacifiques, de femmes courageuses et pleines de ressources, comme ces femmes réelles qui luttent partout dans le monde pour qu’il soit meilleur, une lutte contre l’ignorance et les préjugés.
Ce qui caractérise tous ces messages en direction des enfants, c’est que c’est toujours le bon qui lutte contre le méchant, la dualité, la polarité simpliste où, bien sûr, on est du côté du bon. Et les enfants grandissent, regardent Star War (un autre exemple !!), et le résultat, on le voit quand on écoute les nouvelles, ce conditionnement où « les bons » se donnent le droit de faire la guerre aux « méchants », tant pis s’il y a ce qu’on appelle pudiquement maintenant « des dommages collatéraux », c’est-à-dire des gens tués autour de la cible, des victimes que l’on abat sans les voir, de loin sur son ordinateur, grâce à de nouvelles armes électroniques, des drônes par exemple.
Comme le disait un dirigeant américain à propose de la guerre en Irak, « bien sûr c’est dommage de tuer des innocents, mais on ne peut pas faire autrement, et d’ailleurs Dieu est avec nous ! «
Monique