Mes premiers élans spirituels ont été éveillés par Krishnamurti qui venait régulièrement en Suisse dans les années 1970-75. Beauté de sa manière de parler de la mort comme n’étant pas liée au corps mais à la mort de l’instant toujours disparaissant… et réapparaissant.
Puis rencontre avec Goenka en Inde, pour des retraites de 10 jours en silence. J’ai appris la puissance du silence pour développer la compassion pour les autres. En ne faisant rien pendant 10 jours, que de l’assise en silence, la rencontre avec les gens, à ma sortie, n’était que proximité, fraternité et ouverture.
En Suisse nous avons eu la chance de bénéficier chaque année de longues retraites avec des enseignants remarquables : le moine Ajahn Sumedho, et Jack Kornfield, Joseph Goldstein et Carole Wilson… Ainsi peu à peu le chemin se clarifiait en moi. Une réalisation importante a marqué un tournant dans ma vie : j’ai expérimenté la fin de la dualité, ce Un qui contient la pluralité, cet au-delà qui ne peut pas être dit par des mots. Dès ce jour, le Dharma a été au centre de ma vie. Avec des amis, nous invitions régulièrement des enseignants pour donner des retraites en Suisse Romande. Je donnais du soin à ma vie de famille, à ma vie professionnelle, et à ma vie intérieure.
Après une retraite de 3 mois, en 1994, au monastère d’Amaravati, avec Ajahn Sucitto, qui m’a encouragée à aller de l’avant, l’élan pour l’enseignement a commencé à faire son chemin en moi. J’ai attendu d’être dans suffisamment d’impartialité et de calme, le succès ou l’échec n’ayant plus d’impact sur ma conscience, pour ouvrir un groupe débutants à Lausanne, en 2000. Les soirées, journées et retraites se sont organisées dans des lieux de location. L’exercice du Dialogue Conscient proposé par Gregory Kramer a enrichi ma pratique en ouvrant la méditation à l’aspect plus relationnel de la contemplation.
En 2006, une amie m’a donné l’élan pour créer une Association appelée Mudita qui avait pour but de m’aider pour l’organisation, la promotion et l’enseignement de la méditation en langue française.
En 2016 un lieu dans lequel nous organisions des retraites depuis de longues années a été mis en vente, dans un vallon retiré des Préalpes Bernoises. L’endroit était magnifique, la maison en très bon état, et pouvait accueillir 40 personnes. Comme nous connaissions et aimions ce lieu et que nous étions une association sans but lucratif nous avons bénéficié d’un prix de vente accessible à nos possibilités. Notre sangha fut incroyablement généreuse : en 15 jours nous avons récolté les 180’000 CH frs nécessaires à la signature du contrat de vente.
Début Janvier 2017, une première retraite, de 5 jours, fut organisée dans la maison Mudita, après des transformations qui l’avaient rendue parfaite pour organiser des séjours de méditation en silence. Depuis ce jour la maison est très occupée au grand plaisir de chacun.
Je suis pleine de gratitude pour toutes celles et ceux qui œuvrent avec moi à la bonne marche de notre projet. Gratitude aussi car je peux enseigner sans avoir à surcharger ma voiture pour aménager des lieux ici et là.
Nous avons aujourd’hui un programme qui est fidèle à la tradition Theravada, non pas par manque d’intérêt pour d’autres traditions, mais par soucis de clarté et de simplicité. Nous invitons régulièrement des enseignant·e·s de langue française ou alors nous assurons une traduction.
C’est une merveille de pouvoir accueillir des participant·e·s ravi·e·s de la simplicité, de la tranquillité et de la beauté de ce lieu loin de la fébrilité du monde.
Anne Michel enseigne en Suisse, mais aussi en France à l’invitation de Terre d’Eveil et du groupe Vivekarama
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