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Ayya Yeshe : la force de la Bodhicitta

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La Bodhicitta est la plus grande source de force et de courage

Ayya Yeshe a répondu ci-dessous à nos questions sur ses projets immédiats :

Bouddhisme au féminin : Préserver la vie monastique c’est très important pour vous ?

Ayya Yeshe : il y a 13 ans quand j’ai été ordonnée… J’avais le rêve de construire un centre spirituel pour les monastiques occidentaux…
Je pense que le monachisme est un défi direct à notre culture matérialiste, à nos valeurs basées sur le désir, l’individualisme et le consumérisme. Pour exister, le monachisme repose sur la bonté humaine, sur le principe de la réciprocité et de l’interdépendance. Le monachisme est un exemple de la transcendance et de la compassion dans un monde qui s’auto-détruit par la cupidité et l’individualisme rampant, lesquels conduisent souvent des personnes à accumuler de grandes sommes d’argent tandis que 30.000 enfants meurent chaque jour de maladies liées à la pauvreté qui pourraient être soignées.

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Quelque chose de grande valeur serait perdu s’il n’y avait plus personne qui pratique à temps plein et vit comme le Bouddha. Bien sûr, il y a eu beaucoup de grands pratiquants et enseignants laïcs dans l’histoire, mais très peu d’entre eux avaient des vies aussi occupées que les nôtres et beaucoup passaient des mois et des années seuls dans des grottes, dans la plus grande simplicité. Il devrait toujours y avoir des monastiques vivant dans la simplicité comme le Bouddha l’a fait.

BF : Vous avez été ordonnée novice dans la tradition tibétaine, mais vous avez reçu l’ordination complète chez le Vénérable Thich Nhat Hanh et séjourné dans des monastères Théravadins. Comment conciliez-vous les différentes traditions ?

AY : J’ai été ordonnée comme novice chez les Tibétains et j’ai étudié le bouddhisme pendant plus de 20 ans avec des lamas tibétains et pour moi ces enseignements, en particulier les enseignements sur la bodhicitta résonnent au plus profond de mon coeur. Je dirais que je suis une bouddhiste tibétaine par le coeur qui a intégré ou a été inspirée par des éléments trouvés dans le Theravada et le Zen.
Je ne suis pas une érudite. J’ai trouvé que je me sentais plus comblée quand je méditais et ensuite offrais mon aide. Cette aide est une expression de la compassion et de la compréhension de notre interconnexion que j’ai acquise dans ma pratique spirituelle. Je médite la moitié de la journée, je donne des enseignements et des retraites du Dharma, mais passe aussi la moitié de la journée à faire du travail social dans le bidonville ou dans l’administration de la fondation. Je me retire aussi de temps à autre pour des périodes de retraite personnelle. Je pense que c’est très bien si les gens peuvent étudier ou pratiquer à temps plein et je pense que je laisserai le choix de leur voie à nos futures monastiques.

BF : Comment la fondation Bodhicitta a-t-elle vu le jour ? Comemnt s’intègre-t-elle dans la vie locale ?

AY : J’ai créé la fondation Bodhicitta il y a 7 ans en raison de la grande pauvreté et de la souffrance que j’ai vues dans la communauté bouddhiste indienne ici. Ces gens étaient auparavant des esclaves (des dalits, c’est-à-dire des intouchables). Je ne pense pas que vous pouvez enseigner aux gens des choses spirituelles tant que leur estomac est vide. Nous instruisons également les enfants des bidonvilles. Il est possible de changer la vie d’un enfant pour 30 euros par mois. Nous faisons partie de la vie du bidonville et nous conseillons aussi les gens, nous intervenons dans la violence domestique et de temps en temps des enfants sont pratiquement nés à l’arrière de la camionnette de notre fondation !
Notre temple peut parfois se transformer en un centre de quarantaine pour les enfants atteints de rougeole, c’est un lieu de protection pour les filles qui fuient le mariage forcé ou un père ivre et violent, et pour moi, c’est ainsi que cela doit être. Les centres bouddhistes doivent faire partie du tissu de la communauté et offrir une élévation spirituelle, une vision pour un monde meilleur et la compassion.

BF : Quels sont vos projets les plus imédiats ?

AY : Notre rêve depuis longtemps est de fonder un centre d’accueil bouddhiste socialement engagé avec un foyer pour les jeunes filles. Notre loyer a doublé au cours des 6 dernières années et cela n’a pas de sens pour nous de payer un loyer quand nous devrions construire quelque chose de durable qui servira de refuge spirituel et social pour certains des bouddhistes les plus pauvres du monde. Nous souhaitons commencer le foyer-nonnerie pour les jeunes filles en même temps que nous poursuivons notre travail. Pour ce faire nous avons besoin d’un grand terrain à la sortie de Nagpur.
Nous voulons y offrir des retraites aux amis laïcs et offrir une ordination temporaire aux jeunes femmes âgées de 15-25 ans. Elles obtiendront un diplôme universitaire par correspondance et étudieront le bouddhisme et le travail social. Elles resteront avec nous trois années et pourront quitter la robe à la fin si elles le souhaitent. Cela leur donnera les moyens de devenir des agents de changement et de créer de l’emploi et de la formation professionnelle à leur retour dans leurs villages, équipées pour une vie indépendante (même si elles se marient!).

Être une nonne donne à une jeune fille le temps de se connaître, de se trouver. Si vous vous connaissez vous-même, il est plus difficile pour les autres de vous opprimer. Je voudrais créer un environnement sûr où les gens peuvent grandir spirituellement et atteindre leur plein potentiel. J’aimerais aussi que les monastiques occidentaux et des laïques ami(e)s viennent et recoivent une formation, un soutien et un espace pour leur pratique.

Je pense que nous, bouddhistes, devons répondre de manière concrète à la souffrance et à la crise actuelle du monde, mais je sais aussi, en tant que travailleuse sociale et militante moi-même, que, sans une source profonde de sagesse, de compréhension spirituelle et de paix, il est facile de s’épuiser et de perdre votre idéalisme et votre compassion. C’est pourquoi la méditation et l’ancrage solide d’une pratique spirituelle sont si importants.

Nous avons maintenant dans le bidonville trois centres de scolarisation avec 75 enfants qui étudient après l’école (parce que la qualité de l’éducation ici est si pauvre), pour donner aux enfants un bon départ dans la vie. Nous servons chaque année 7000 repas aux enfants souffrant de malnutrition. Le centre de formation professionnelle des femmes va bien et beaucoup de femmes étudient l’informatique et la couture.

La Fondation Bodhicitta a maintenant 10 employés. Nous travaillons tous dur pour faire fonctionner les trois centres d’études du bidonville, le programme de malnutrition alimentaire, le centre de formation professionnelle des femmes, pour offrir un conseil, une ambulance occasionnelle, ou des soins aux animaux. Spirituellement parlant, nous avons trois écoles du dimanche, des retraites, des classes du Dharma et un soutien pastoral (nous enseignons seulement à ceux qui sont déjà bouddhistes – nous ne convertissons pas).

Les problèmes à résoudre quand on vit à proximité d’un bidonville indien sont sans fin. La vie ne s’arrête pas. Des gens meurent, des enfants naissent, des gens sont malades, trouvent un emploi, perdent leur emploi, se marient, vont à l’université, obtiennent un diplôme. Les défis ne se terminent jamais, mais d’une manière ou d’une autre, nous essayons de faire beaucoup de petits actes d’amour qui vont progressivement atteindre une masse critique de changement. Nous savons que nous ne sommes pas seuls, que partout dans le monde, les gens s’interrogent pour savoir s’il peut y avoir un monde meilleur et plus juste que celui que nous avons. Un monde qui ne serait pas seulement la propriété des riches qui exploitent les pauvres, mais dans lequel il y aurait une répartition équitable des ressources et où les personnes auraient une chance d’atteindre leur potentiel spirituel et humain. Nous devons également prendre soin de notre mère la Terre.

Je crois que la bodhicitta est la plus grande source de force et de courage. C’est pourquoi j’ai appelé notre fondation Bodhicitta, l’esprit éclairé de compassion qui souhaite libérer tous les êtres de la souffrance.

Ayya Yeshe Bodhicitta Bhiksuni traduction Bouddhisme au féminin

La vidéo sur le travail de Ayya Yeshe

Pour aider la fondation Bodhicitta, il est possible de faire un virement sur son compte (en Australie)

Information bancaire de la fondation :
Kalyanamitra Fund
Acc no 120204128
Bank state branch number 633000
Bendigo bank
Strathfield Branch, the boulevard, Strathfield NSW Australia
Swift code BENDAU3B

Pour plus d’informations sur la façon d’aider, contactez moondakini AT hotmail.com ou consultez la Fondation Bodhicitta en ligne.