Nous baignons dans un contexte insidieusement réducteur. Le fait même d’en prendre conscience est libérateur. C’est ainsi que petit à petit les choses peuvent changer, car elles doivent d’abord changer en nous et dans notre esprit.
Cette rubrique rassemble des contributions, des courriers, des articles, etc.. pour nous aider à prendre conscience du conditionnement dans lequel nous baignons depuis le jour où nous avons ouvert les yeux sur ce monde, sur les valeurs et les modes de pensée qui nous ont été transmises par l’école, les médias, le language, un conditionnement qui relègue constamment les femmes à l’arrière plan d’une façon si naturelle que nous n’en avons même plus conscience.
C’est possible et indispensable de décoder les messages qui nous formatent le cerveau, qui imprègnent nos enfants et perpétuent la société actuelle avec ses modèles de compétition, de violence et de dureté.
Pensons à nos filles, aux messages qu’elles reçoivent constamment sur leur place secondaire, inexistante.
Vous êtes maman et souhaitez être vigilante quant aux conditionnements de vos enfants ? cette rubrique est la vôtre, faites la connaitre autour de vous !
https://www.bouddhismeaufeminin.org/deconditionnons-nous/
++++ En 2008, une étude portant sur un test de mathématiques réalisé par 300 000 adolescent-e-s dans 40 pays montre que l’écart de performance en mathématiques entre les garçons et les filles est corrélé à l’index d’émancipation des femmes, soulignant ainsi l’influence de l’éducation et de la culture (notamment l’estime de soi et les stéréotypes de genre). Ainsi, la culture égalitaire aux États-Unis explique la disparition entre 1990 et 2008 de l’écart de performance en mathématiques entre les deux sexes. Ces études remettent en cause l’idéologie du déterminisme biologique pour expliquer la sous-représentation des femmes dans les sciences. (Source wikipédia : Place des femmes en sciences) voir aussi l’effet Matilda
Ce qui se produit en sciences est valable aussi et plus même dans le bouddhisme à propos des capacités spirituelles des femmes, voir l’article de Ariane Buisset : Les femmes et le renouveau spirituel
1 – Regard sur une émission de Sagesses Bouddhistes sur les enfants et le bouddhisme:
Ce reportage est une illustration parfaite d’une acceptation inconsciente de la part des femmes d’une compétence et d’une autorité masculine non mises en question. Le lama tibétain est certainement quelqu’un de très gentil, mais n’a-t-il pas passé sa jeunesse dans un monastère entièrement masculin où on lui a enseigné la vision tibétaine des femmes comme étant inférieures par nature, impures et incapables d’accéder à la bouddhéité sinon en renaissant dans le corps d’un homme ? Est-il vraiment qualifié pour enseigner à des fillettes occidentales ? des fillettes qui d’ailleurs sont absentes ou muettes dans ce reportage ? En effet, et c’est éclairant, six garçons sont interviewés, mais une seule jeune fille. Ce n’est pas un malheureux hasard, des études ont montré que, dès l’école, les professeurs donnent plus la parole aux garçons qu’aux filles.
L’éducateur, masculin lui aussi, a un nom et une fonction, la femme qui le seconde n’a ni titre, ni nom, cela étant également une constante relevée dans les médias de façon récurrente quand il s’agit des femmes.
S’ il n’y a pas de prise de conscience de cette réalité, comment la changer ? Dans ce forum sur l’éducation, les femmes qui ont des enfants viennent trouver des ressources auprès d’hommes qui n’ont pas d’enfants mais sont présentés comme des autorités.
Imaginons le même forum avec des femmes lamas en parité avec des hommes, une éducatrice en parité avec un éducateur, des partages et des témoignages de mères (c’est-à-dire des personnes qui s’occupent réellement des enfants), des interviews strictement égales entre filles et garçons, et pour finir des parole de pères – qui sont complètement absents dans ce reportage. Ce serait un autre forum, avec un autre état d’esprit. (et une pratique de Tara en alternance avec Tchenrézi !!)
2 – La place des femmes dans les médias
- Une fiche de synthèse établie par l’Observatoire gouvernemental de la parité entre les femmes et les hommes et une étude par l’association des femmes journalistes réalisée en 1995, 2000, 2006: lire
- Les femmes et les médias : le miroir à deux faces, un article de Catherine Lamour : lire
Mise à jour juin 2019 : Extrait de Femmes Ici et Ailleurs :
La visibilité des femmes dans les médias reste encore un vaste chantier à mener. Dix ans de matinales à la radio ont été analysées par l’Ina et le constat, publié le 3 juin, est affligeant : les hommes représentent près de 80 % des invité-e-s, quels que soient le moment de la semaine et la période de l’année. Sur les réseaux sociaux, l’herbe n’est pas plus verte. En mai, l’étude du Pew Research Center révèle que les hommes sont deux fois plus présents que les femmes sur les photographies qui accompagnent les articles des titres de presse partagés sur Facebook. Concernant les infos économiques, c’est pire : seulement 9 % des images montrent des femmes. On leur recommande donc une petite cure de Femmes ici et ailleurs..
- Sagesses Bouddhistes : Voir la part des femmes invitées dans les programmes de cette émission depuis vingt ans.
3 – Le rôle de l’école dans le conditionnement sexué – place des femmes dans les manuels scolaires et dans la culture en général
- Quelques éléments de réflexion sur l‘égalité filles-garçons à l’école
- Publié par l’Observatoire Gouvernemental de la Parité un article sur la place des femmes dans l’histoire enseignée.
- Un article publié dans Le Monde sur les mensonges de l’histoire telle qu’elle est enseignée.
4 – Le vocabulaire et la grammaire
- Clairement, le français est une langue sexiste régie par des usages décidés par une institution toute pétrie de patriarcat : l’Académie française. C’est à nous de refuser ses diktats et de changer la langue. Voir le refus de professeurs de français d’enseigner la prééminence du masculin « parce que déclaré « plus noble ! »
- Le mot homme : Le premier mot de la langue française à mettre en question. Tout à fait à sa place quand il désigne la moitié de l’humanité de genre masculin, inacceptable quand il désigne l’humanité dans son entièreté. La femme qui n’est pas un homme est en même temps un homme. Dans les faits, elle se retrouve nulle part, inexistante quand l’homme est partout, c’est vraiment la marque de la domination patriarcale dans le vocabulaire. Remplaçons systématiquement le mot homme dans son acception supposée universelle par « être humain »
- Les droits humains – La contribution sur le changement de vocabulaire d’Amnesty International et de la Ligue des droits humains qui ont réalisé l’importance de remplacer droits de l’homme par droit humain.
- Le commentaire du Haut conseil à l’égalité sur cette expression discriminatoire
- Saviez-vous qu’en 1948, seuls les français ont gardé cette expression, Les autres langues ont explicitement distingué les deux textes en procédant à un changement de nomenclature, soit en anglais «human rights» au lieu de «rights of man», en italien «diritti umani» au lieu de «diritti dell’uomo», en espagnol «derechos humanos» au lieu de «derechos del hombre». voir plus dans cet article de Libération
- voir Trois bonnes raisons pour en finir avec l’expression les « droits de l’homme« par Raphael Hadad. Au Palais de Chaillot, Eleanor Roosevelt s’est battue sans relâche pour que la formulation « Droits de l’homme» selon l’expression proposée par René Cassin en référence à la très française « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de 1789, soit traduite en anglais en « human rights » et non en « men rights ». Soixante huit ans avant nous, Eleanor Roosevelt savait une chose, qu’elle avait peut-être lue chez son contemporain, Denis de Rougemont : « On ne fait pas de révolution sans changer le vocabulaire ». Gardons-le en mémoire comme une règle d’airain : hier comme aujourd’hui, c’est d’abord dans les mots, dans les formulations, dans les manières d’écrire et de dire, que l’on fait advenir les transformations de société.
- L’écriture inclusive pour rendre visible la moitié invisible de l’humanité.
- Les mots qui manquent :
– lorsque des personnes tissent des liens d’amitié, elles sont « fraternelles » , elles créent une « fraternité », elles se disent « fraternellement » unies. Quand on parle des frères et soeurs d’une même famille, il s’agit de la « fratrie ».
Où sont les soeurs ? comment dire fraternité quand on parle de relation entre soeurs, entre femmes ? Françoise Dolto a suggéré sororité, sororal, soeural, des mots à employer pour des relations essentielles qui n’avaient pas de mots.
- Quelques expressions courantes :
- La transmission de père en fils, c’est une expression bien naturelle, tellement naturelle que on ne remarque même pas qu’on ne dit jamais de mère en fille. C’est tellement normal que pratiquement aucune femme ne s’en aperçoit plus, sauf pour intérioriser le schéma que les femmes n’avaient rien en propre dans le passé, que le « patrimoine » c’est la transmission des biens du père, la filiation du nom, pour le fils. Et si nous parlions un peu de matrimoine ?
- ce sont les femmes qui en premier soutiennent les enfants dans les pays pauvres, et pourtant on continue à parler de parrainage et si nous disions marrainage ?
- savez-vous comment on attribue une oeuvre à quelqu’un, on dit que « il » en a la « paternité », même si c’est une femme qui crée quelque chose, le mot français exact pour exprimer que la création lui appartient : c’est en revendiquer la « paternité ». Le mot « maternité » ne pourrait bien entendu pas convenir…
- Les féministes américaines ont pointé le rôle puissant du vocabulaire dans la formation des esprits. Dans les ouvrages publiés désormais, au moins dans le domaine de la spiritualité, le mot « man » est remplacé systématiquement par person, someone, somebody, etc. Et pour éviter le recours à he(il) constamment (au lieu de she, elle), certain(e)s enseignant(e)s – comme Ayya Kema que nous avons présentée dans le n° 3 du magazine – utilisent le pluriel, neutre en anglais : they.
- remarquons que l’anglais est beaucoup moins sexiste que le français, notamment parce que les substantifs sont neutres, thinker, master, seeker (en français « penseur », « maitre », « chercheur ») s’appliquent indifféremment à une femme ou un homme. On peut constater que c’est d’abord aux Etats unis et en Angleterre que les femmes sont parvenues à obtenir le droit de vote, la France se signalant par son retard plusieurs dizaines d’années plus tard.
5 – Le conditionnement dès l’enfance
Pour avoir une approche globale du conditionnement de nos enfants lire ici deux articles fouillés sur cette question :
1 – Quelle norme de rapports sociaux la littérature enfantine véhicule-t-elle ?
2 – Des représentations sexistes dans la littérature aux différentes formes de violences
6 – Les films et émissions destinés aux enfants
- 2012-2014 – la télé toujours dans les mêmes stéréotypes –
Durant la semaine de Noël 2014, voici les films et émissions proposées aux enfants : Tom Sawyer – Huckleberry Finn – David Copperfield – Jack et le haricot magique – Oliver Twist. 5 films, 5 garçons en vedette, impressionnant non ? le tout dans la même semaine de Noël sur diverses chaines de télévision.
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- Heureusement, il y avait aussi REBELLE, un film d’animation qui prend pour héros, une héroïne, une princesse rebelle qui refuse les rôles dictés par la tradition (et sa mère) – à voir et à diffuser sans modération. Un Disney qui évolue : Enfin !!!!
- un journal infos juniors le dimanche matin sur Arte junior, une initiative intéressante.
- Attention aux contenus souvent débiles de la chaine Gulli, supposée destinée aux enfant et qui, entre autres, diffuse les aventures de la poupée Barbie ! Préférer sans hésitation France 3 et Arte Junior le dimanche matin.
7 – Les dessins animés – Les livres et les bandes dessinées
- Une contribution de Monique sur les messages envoyés aux enfants par les dessins animés de walt disney destinés « aux filles » : cendrillon, la belle au bois dormant…
- Une nouvelle contribution de Monique : Quels modèles offrons-nous à nos enfants avec Astérix et Obélix, Lucky Luke, Tintin, Le professeur Layton, les « pokémons », Star War…
- Zorro – Toujours de Walt Disney, la série inusable. Regardons d’un peu plus près le message véhiculé.
- Jumbo l’éléphant – une réflexion sur Jumbo l’éléphant de Walt Disney
- Merci à Pema d’avoir mis le lien suivant sur Facebook, un dessin animé dont tout le monde comprendra la valeur et la nécessité : Burka Avenger
- La littérature enfantine véhicule encore beaucoup trop les mêmes poncifs sur maman à la cuisine et papa devant la télé, les filles avec les poupées et la dinette et les garçons avec les voitures et les jeux vidéos. Voir une liste d’ouvrages non sexistes pour la jeunesse, à diffuser autour de soi pour sortir de cette sclérose de l’esprit que l’on impose aux enfants dès leur plus jeune âge.
8 – Et les documentaires ??
- La marche de l’empereur
Un commentaire sur le vocabulaire et les schémas mentaux exprimés dans ce documentaire.
- La grande marche des dinosaures
Un commentaire sur un documentaire qui a une caution scientifique et qui pourtant est biaisé de bout en bout.
C’est possible de faire bouger les chose, les mentalités, les modes de fonctionnements, rien n’est statique…
9 – Les symboles, les textes de référence
Les symboles sont forgés par des êtres humains, or, dans l’histoire de l’humanité, ce sont toujours des hommes qui en sont les auteurs, regardons d’un peu plus près les symboles qui concernent précisément la sexualité et l’image de la femme.
- La contribution de Danièle sur le symbole Yin Yang
- La contribution de Danièle sur le Bardo Thodol
- Un article de Françoise Héritier sur la valence différentielle des sexes
- A lire ou à relire un texte écrit par Bante Sujato sur la misogynie des institutions monastiques
10 – Quelques liens :
Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes
un blog d’études sur les mécanismes sexistes
à enrichir, à développer…