Avant de devenir nonne bouddhiste, Dominique Marchal a eu une vie privée bien remplie. Elle a été mariée trois fois et a eu deux fils.
Il y a deux ans, elle faisait le grand saut. Et décidait de devenir nonne bouddhiste. Elle avait 63 ans. Aujourd’hui, Dominique Marchal, originaire de Bruxelles mais amoureuse du Valais, vit au Népal, «tout près de deux monastères». En septembre 2010, elle donnait une conférence sur son parcours de vie à Verbier (Suisse Romande), suite à l’invitation du Rotary Club. «J’ai beaucoup d’amis en Valais. Cette région est l’une des plus chères à mon coeur», a expliqué Dominique Marchal.
Portrait d’une dame qui apprécie chaque instant de la vie.
«Vous me reconnaîtrez à ma coupe de cheveux», souligne- t-elle au téléphone, lors de la prise du rendez-vous. Impossible en effet de ne pas repérer Dominique Marchal, avec ses cheveux blancs coupés à ras du crâne. «En fait, c’est très agréable de ne plus avoir à séduire, de ne plus se préoccuper de son apparence pour se consacrer aux choses plus profondes.»
Avant de prendre ses voeux en 2008, Dominique Marchal a eu une vie privée bien remplie. Mariée trois fois – «J’ai divorcé deux fois et mon troisième époux est décédé d’un cancer», elle est maman de deux garçons. «Je suis même grand- maman aujourd’hui. J’ai deux petits-enfants.»
Cette passionnée de bouddhisme a d’abord orienté sa vie vers l’aviation. Elle a ainsi été la première femme pilote suisse pour les vols aux instruments. «Bruno Bagnoud (patron d’Air-Glacier) m’a beaucoup aidée à cette époque; c’est l’un de mes plus grands amis.» Dominique Marchal a passé son brevet de pilote privée à Montreux, puis a travaillé pour un milliardaire italien qui possédait ses propres appareils. «J’adorais les avions; je me souviens que j’allais les toucher quand j’avais le cafard.»
Le temps passe et Dominique Marchal s’intéresse de plus en plus au bouddhisme. «Je croyais déjà à la réincarnation. De plus, je suis intimement persuadée que ce qui nous arrive ne se passe pas pour rien. Il n’y a pas de malheur en tant que tel. Un drame, un accident ou une peine arrivent toujours pour nous faire comprendre quelque chose.»
A 41 ans, Dominique Marchal accepte d’accompagner Jean Troillet dans son expédition à l’Everest. «Comme j’étais la seule non grimpeuse du groupe, j’allais chercher le courrier et je me rendais souvent au temple Rongbuk (au pied de l’Everest), là j’ai connu l’abbé Trushik, qui a d’ailleurs béni le sol de l’hospice que j’ai fondé plus tard au Népal», raconte encore la sexagénaire.
Déménagement au Népal
Dominique Marchal envisage alors de s’installer définitivement au Népal. Ses rencontres en 1989 et en 1993 avec le Dalaï-lama la confortent dans son envie de consacrer sa vie au bouddhisme. «J’y suis entrée progressivement, de plus en plus profondément.» En 1995, elle s’établit en terre népalaise. Et crée une clinique de charité à Katmandou en 2000 pour Mathieu Ricard. Elle la gère jusqu’en 2007.
Là, elle décide de faire un pas de plus dans sa voie religieuse. Elle prononce les voeux – elle promet de ne pas tuer, pas voler, pas mentir, de ne pas avoir de relation sexuelle et ne pas faire usage d’alcool ou de drogue – pour devenir nonne bouddhiste. «J’étais prête à le faire. Pourtant, j’étais une bonne vivante dans ma jeunesse, mais là, c’est venu tout naturellement.»
La sexagénaire n’éprouve aucun regret, ni aucune nostalgie de sa vie d’avant. «Le bouddhisme rend très heureux. Chaque fois que l’on fait quelque chose de bien, on augmente sa capacité de bonheur. Et la sensation de bonheur dure bien plus longtemps que celle qu’on ressent lorsqu’on fait du mal.»
Plus sereine que jamais, Dominique Marchal se qualifie «d’incroyable privilégiée». Elle continue toujours à s’occuper des personnes en fin de vie dans l’hospice qu’elle a créé au Népal. «Quand on accompagne une personne dans la mort, elle nous tire vers la lumière. J’ai une grande reconnaissance envers les gens qui me permettent de les accompagner.» La mort ne l’effraie pas. Au contraire. «Je suis en harmonie avec elle. On est né pour mourir.» Pour Dominique Marchal, ce n’est pas la durée sur la terre qui importe, «mais la qualité de la vie que l’on a».
Source LE NOUVELLISTE – Verbier- Suisse