Le Bouddha, dans ses enseignements répétait constamment : « Je n’enseigne que la souffrance et la fin de la souffrance ». Le but du chemin est ainsi défini par le Bouddha dès son premier sermon. Patricia Genoud, enseignante du Dharma, nous invite à regarder, à nous intéresser, à cette souffrance, pour nous en libérer.
Il ne suffit pas de lire le premier sermon du Bouddha où il énonce les quatre Nobles Vérités, il faut s’engager dans ce chemin et le pratiquer. Vérité désigne ce qui est ; noble décrit l’esprit transformé par cette vision.
La première noble vérité est la prise de conscience de la nature insatisfaisante de l’existence (dukkha). Cela signifie que les phénomènes conditionnés sont insatisfaisants car ils sont instables : les choses changent sans cesse; on ne peut avoir de contrôle sur eux et il faut en tirer les conséquences. Le chemin est réaliste, il n’est pas pessimiste. Aujourd’hui on parle beaucoup du stress. Le stress, c’est une très bonne traduction de dukkha. Les choses ne sont pas parfaites, elles sont imprévisibles et stressantes. Plutôt que d’essayer de l’éviter, il faut reconnaître la réalité. Au début on fait tout ce qu’on peut pour changer la situation présente et petit à petit on se rend compte qu’il est peut-être plus judicieux de la comprendre, de s’y intéresser pour découvrir la possibilité d’une plus grande liberté. On réalise peu à peu que c’est la manière dont on se positionne, par la saisie ou l’identification, qui crée le plus grand inconfort, la plus grande souffrance.
Par exemple on peut réagir à un événement pensant « cela ne devrait pas arriver », mais on peut aussi changer d’attitude et alors se dire: « cela arrive, les choses sont comme elles sont ». Chercher à se positionner sans tomber dans l’aversion ou se perdre dans la résistance.
La deuxième Noble Vérité est l’origine de dukkha, c’est la saisie, tanha en pali. On traduit souvent tanha par désir-attachement mais cela signifie soif. C’est un désir avide, on le reconnaît à l’agitation, l’insatisfaction qui l’accompagne. Cela n’a rien à voir avec une autre forme de désir qui en pali s’appelle chanda, le désir-aspiration qui conduit à pratiquer, à chercher la libération de la souffrance, à vouloir le bien des autres. Il ne s’agit donc pas de détruire tout désir, mais seulement celui marqué par l’avidité qui est basé sur l’égo.
Deux mille six cents ans après le Bouddha, le monde n’en a pas fini avec l’avidité, au contraire on l’instrumentalise.
Le bouddhisme suggère de prendre conscience du désir plutôt que de vouloir le satisfaire. Parce qu’un désir succèdera immanquablement à la satisfaction d’un désir.
Cette prise de conscience demande une grande vigilance car elle s’oppose au monde actuel qui nous pousse à croire que plus on désire, plus on est satisfait. Cela demande de la pratique et de la patience.
Suivre un chemin pas à pas pour percevoir où se situent le bien-être, l’apaisement, et à quel point l’addiction au plaisir est frustrante. L’apaisement vient naturellement lorsqu’on perçoit le désir-attachement, l’aversion ou la confusion de manière claire, et qu’on n’y adhère pas. Ceci ne vient pas des conseils extérieurs mais de la mise en pratique. C’est la seule source de compréhension vraiment convaincante, la porte vers l’ouverture et la paix intérieure et ceci ne veut pas dire ne plus désirer, se priver, mais ne pas dépendre.
La troisième Noble Vérité est celle de la liberté. Elle est accessible, on peut en faire l’expérience. À chaque fois que nous sommes en accord avec « les choses telles qu’elles sont » sans réaction, sans rejet, sans élaboration on découvre cette liberté, ne serait-ce que pour quelques brefs instants.
Finalement, dans la quatrième Noble Vérité, le bouddhisme expose le chemin qui mène à la libération. Il s’agit d’un chemin spirituel comportant huit branches, regroupées en trois groupes, qui sont toutes aussi importantes les unes que les autres. L’un de ces groupes comprend le chemin méditatif, il est composé de: l’effort juste, l’attention juste et la concentration juste. « Juste » dans le sens de favorable, approprié. Le groupe suivant concerne l’éthique, il consiste en : la parole juste, les moyens d’existence juste et l’action juste. La sagesse constitue le dernier groupe. Elle découle de la vision intuitive, la vision pénétrante. La vision pénétrante est une connaissance intuitive, ce à quoi la pleine conscience doit amener, celle-ci n’est donc pas une fin en soi, elle n’est qu’un aspect du chemin, mais un aspect essentiel.
Patricia Feldman-Genoud, basée à Genève en Suisse au Centre Vimalakirti, anime également des retraites aux Etats-Unis. Elle dirige des sessions en France organisées par Terre d’Eveil, par le Centre Vimalakirti,et au centre Tibétain de Karma Migyur Ling (Monchardon) (Isère).
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