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Ecologie et féminisme : l’écoféminisme

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L’écoféminisme est une philosophie, une éthique et un mouvement nés de la conjonction et de l’union de courants de pensées féministes et écologistes.

Selon ce mouvement, notamment défendu par Vandana Shiva qui a fondé en Inde dans l’Uttarakhand un sanctuaire de la biodiversité sauvage et agro-semencière, où les femmes tiennent une place essentielle, il existe des similitudes et des causes communes aux comportements de domination et d’oppression des femmes et aux comportements de non-respect de la nature, qui contribuent au saccage environnemental.

Ecorev’, n°30 Ecologie et féminisme

Extraits d’un entretien avec Francine Comte et Alain Lipietz

ecofeminisme

« Le fondement du féminisme, c’était la mise au jour de l’inégalité profonde entre les sexes. Aucun combat pour la liberté, pour la solidarité n’ont de sens sans le bouleversement de cette inégalité, une inégalité qui n’est pas seulement de position inférieure dans une société donnée, mais pérenne, affirmée comme naturelle : aux hommes toutes les valeurs positives, le rôle d’acteurs, aux femmes des valeurs plutôt négatives et la dévolution absolue au rôle maternel. Aux hommes la culture, l’histoire, la technique et les progrès de l’humanité, aux femmes la nature, la prolongation de l’espèce et des normes. C’est tout cela que le féminisme dénonce. L’égalité entre les sexes est une révolution ontologique. La force de cette aspiration fit une brèche dans le schéma simpliste des militants de l’époque, fonctionnant sur la seule opposition binaire capital/travail et remisant les autres combats à plus tard, les traitant comme des contradictions secondaires. Le féminisme s’affirmait comme un nouveau paradigme, une nouvelle façon de considérer la société. » (…/)

« Les liens entre écologie et fémiisme est évident. L’homme n’est plus le démiurge qui façonne, forge la nature. Il en est un élément. Le rapport que tout être humain entretient avec elle s’enracine dans le rapport avec l’autre qui se tisse en premier dans la relation homme-femme. L’éducation qu’il reçoit à ce sujet est primordiale. Le premier environnement de l’humain n’est-il pas le ventre maternel ? Cela ne signifie pas que les femmes sont forcément plus sensibles à l’écologie que les hommes. Mais cela implique que le combat féministe pour l’égalité soit essentiel pour tout progrès écologiste. »

« Le féminisme, dans la droite ligne de Mai 68, mettait l’imagination au pouvoir, les manifestations étaient riches d’invention, d’humour, tous les pouvoirs brocardés. Plus profondément, pour les féministes, la « politique autrement », ce fut d’abord le rejet de tout embrigadement : l’autonomie des mouvements sociaux par rapport au politique était en soi une pratique politique nouvelle. Ce n’était pas évident, vu l’emprise des groupes d’extrême gauche.  » (../)

« un écoféminisme fondé sur l’idée que les femmes sont plus proches que les hommes de la nature, de la « Mère nature », n’est pas une bonne réponse : le féminisme ne peut reposer sur des schémas simplistes d’opposition binaire entre les sexes, ni sur l’appropriation d’un mouvement par l’autre. Par contre, sur des luttes concrètes, l’unité des actions serait à rechercher. Par exemple, sur les questions de santé, ou sur la consommation, l’urbanisme, l’éducation, etc, bref, des combats qui concernent les deux mouvements. C’est à travers de telles actions que les deux mouvements peuvent se nourrir mutuellement, et élargir leurs perspectives.  » (…/)

« Les féministes françaises détestent l’idée d’une « nature féminine» (çà, ça remonte à Pétain !). C’est plutôt par la sociologie et la psychanalyse (Guatarri), qui considèrent le rapport entre genres ou entre l’individu et son environnement familial comme des rapports sociaux, que le féminisme apparaît comme une « écologie de l’esprit » et de la vie quotidienne. »

« René Dumont, fondateur de l’écologie politique française, avait bien compris (sans doute sous l’influence de Charlotte Paquet) que le changement des modes de vie viendrait des femmes. »

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