En relation avec le thème de ce numéro : La COP21 et la lutte contre le réchauffement climatique
Sacrée Croissance :
un film de Marie Monique Robin
Portraits de femmes lanceuses d’avenir
Le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin est avant tout l’histoire d’une cassure. Entre les décideurs politiques et une partie de la population réticente à se laisser imposer les doxas libérales, les visions du monde tel qu’il doit être mené semblent irréconciliables. Lorsque les premiers ne jurent que par la croissance, répétant le terme comme une formule incantatoire, les seconds espèrent en d’autres solutions et réfutent le productivisme et la consommation à tout prix. Les experts intervenant dans le film sont formels : sous la forme qu’elle a connue au XXe siècle, la croissance est terminée, elle ne reviendra pas. De nombreux paramètres ne leur laissent aucun doute, dont la fin de l’ère des énergies bon marché ou la dépendance croissante à la dette.
Fous et insoumis
« Celui qui pense qu’une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou soit un économiste » déclare un… économiste, non sans humour. Alors, pendant que les États s’enfoncent dans la crise, des insoumis créent les prémices d’une société fondée sur la sauvegarde écologique et le développement durable. Avec Sacrée croissance !, la réalisatrice présente une sélection d’initiatives réussies et de modèles alternatifs viables. Son film élargit ainsi le champ des possibles en montrant comment on peut réfuter en action, et pas seulement en paroles, le modèle économique dominant. Avec une idée force : face au gaspillage mondial, la réponse doit être locale et solidaire. À Toronto, une coopérative de fermiers produit des légumes bio près du centre-ville et vise la souveraineté alimentaire. À Rosario (Argentine), on lutte contre l’exclusion sociale en fertilisant d’anciennes décharges pour embaucher des maraîchers débutants. Certains villages népalais s’approchent de l’autosuffisance énergétique grâce au biogaz et à la micro-hydro-électricité. Au Brésil ou en Bavière, des banques communautaires et des monnaies locales bouleversent le rapport à l’argent d’un public qui se fait « prosommateur » (producteur et consommateur). Quant au Bhoutan, il développe une politique publique révolutionnaire instaurant le concept du « Bonheur national brut » (BNB). « L’abondance matérielle finira par s’arrêter », rappelle un des intervenants. Et c’est avant qu’il faut changer de paradigme économique, insiste Marie-Monique Robin.
Amy (Canada): L’agriculture urbaine transforme les villes
Ex-directrice artistique, elle a tout plaqué pour rejoindre Fresh City Farms, la ferme urbaine coopérative créée par un ancien avocat à la Bourse de New York. Elle a abandonné son train de vie, mais elle y a gagné un « métier d’avenir » : maraîchère
Charlotte (France): La transition énergétique au quotidien
La thermique du bâtiment aurait pu rester simplement un métier. Elle en a fait une conviction qui se déploie jusque dans les gestes quotidiens..
Pabitra (Népal): L’énergie au service du développement
Dans sa ferme non loin des sommets enneigés, elle cuisine au gaz grâce à l’installation d’un digesteur, approvisionné avec le fumier de ses deux buffles. Mais elle s’inquiète : le climat est perturbé, les glaciers reculent, et l’arrosage de ses légumes, de son maïs et de son riz se complique.
Otaciana (Brésil): Une monnaie pour lutter contre la pauvreté
Née dans le bidonville de Palmeiras, dernière d’une famille de onze, elle est aujourd’hui directrice commerciale de la banque locale Palmas. Elle y poursuit l’œuvre de solidarité dont elle a elle-même bénéficié, favorisant l’économie circulaire pour que l’argent des pauvres profite aux pauvres.
Ida (Argentine): L’agriculture urbaine transforme les gens
En 2000, Ida barrait les routes avec les « piqueteros », révoltée que le peuple fasse les frais de la crise financière argentine. Reléguée dans un bidonville avec sa famille, elle « jette des graines » sur un bout de terrain vague. C’est alors qu’elle est contactée par un ingénieur agronome, employé par la municipalité…
Magali (France): Des légumes bios pour sauver la planète
Elle aurait pu rester éducatrice, la terre a été son choix délibéré. C’était plus de travail, mais plus de valeurs, de solidarité, et d’avenir.
Merete (Danemark): L’énergie est l’affaire de tous
Si l’île de Samsö est aujourd’hui totalement autonome en énergie, Merete n’y est pas pour rien. Sans avoir jamais milité dans aucun parti, elle est à l’origine d’une coopérative de 200 familles, qui a installé une centrale de chauffage alimentée par la paille des paysans locaux.
Heike (Allemagne): Une monnaie au service de l’économie locale
Aussi souvent que possible, elle paie ses achats en Chiemgauer. La monnaie locale subventionne la crèche parentale fréquentée par ses enfants, mais ce n’est pas tout : en l’utilisant, elle redéfinit ses besoins, et privilégie une certaine éthique.
Deki (Bhoutan): Le bonheur commence à l’école
Le Bonheur National Brut, ce n’est pas qu’un slogan : depuis qu’elle l’a intégré au programme de ses élèves, la vie de cette directrice d’école a changé. Séances de méditation, apprentissages des savoirs pratiques et de l’hygiène alimentaire doivent faire des enfants les futurs « ambassadeurs du changement ».
Alessandra (France): La cuisine locale pour tous
Elle se régale de nourrir les autres, mais sa cuisine n’est pas seulement tournée vers ses hôtes : c’est comme un hommage à la terre et à ses produits.
Valérie (France) : un jardin bio pour les tout petits
Citadine pure et dure, Valérie a découvert les vertus du jardinage à quarante ans. Aujourd’hui, elle a intégré un jardin biologique, en permaculture, dans sa maison d’assistantes maternelles pour le plus grand bonheur des enfants !