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Helena Blavatsky

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Helena Petrovna von Hahn, – 1831-1891- connue sous le nom de Helena Blavatsky, était très certainement une femme hors du commun. Elle fut une personnalité controversée qui a largement contribué à populariser en Occident la notion de réincarnation, c’est également à elle que l’on doit l’idée de maitres immortels cachés au Tibet, idée qui continue à nourrir l’imaginaire occidental. Elle est à l’origine  de la Société théosophique et d’un courant ésotérique auquel elle donna le nom générique de Théosophie.

Helena naît en 1831 à Yekatérinoslav, au sud de la Russie, sous le tsar Nicolas Ier. Elle est la fille d’un colonel, le baron Peter von Hahn, officier germano-balte sujet de l’empire russe, et d’une romancière, Helena Andreïevna de Fadeïev. Elle perd sa mère à 11 ans, et va vivre à Saratov, chez son grand-père maternel. Chétive, elle se montre une enfant fantasque, somnambule, mais aussi décidée, intrépide, coléreuse. Elle lit, dès 1846, chez son grand-père, des ouvrages sur la franc-maçonnerie, les sciences occultes. Elle a une gouvernante anglaise, une autre française, elle parle donc couramment russe, allemand, français, anglais.

Sur un coup de tête ou pour obtenir son indépendance, en juillet 1848, elle se marie avec Nicéphore Vassiliévitch Blavatsky, vice-gouverneur de la province d’Erevan (Arménie, russe depuis 1828). Le mariage ne sera pas consommé : Il a 40 ans, elle en a 18 ans.

Les voyages

Dès octobre 1848, aidée financièrement par son père, elle entreprend des voyages : Turquie, Égypte, Grèce. En 21 ans de voyages, elle va rencontrer sorciers, rebouteux, chamans de Mongolie et d’Inde, lamas du Caucase et du Tibet, yogins d’Inde et de Ceylan, spirites russes et égyptiens, médiums, sages et autres personnes spirituellement remarquables, qui allaient profondément l’influencer. Dans la première série de ses voyages (1848-1858), elle va à Constantinople, en Égypte (elle s’instruit auprès d’un copte du nom de Paulos Metamon), à Londres, en Amérique du Nord (le Québec, puis les États-Unis, avec l’explorateur Albert Rawson, en fin 1851) où elle rencontre des Amérindiens, des mormons, des vaudouistes (à la Nouvelle-Orléans). Elle se rend au Mexique, au Honduras, aux Indes (1852), Ceylan, à Singapour, New York, Calcutta, au Ladakh. Elle ne parvient pas à pénétrer au Tibet. Elle passe par Java, revient en Angleterre (1853), retourne aux États-Unis (été 1854), dans les Montagnes Rocheuses, en convoi d’immigrés. Via le Japon, elle regagne l’Inde, et d’après ses dires, aurait réussi, fin 1855, par le Cachemire, à entrer au Tibet, pour être initiée par son ou ses Maîtres, les Mahâtma (Terme qui signifie « Grande Âme » en sanskrit). Aucun document certain n’atteste sa présence au Tibet même. Qui plus est, elle n’a pu y séjourner sept ans comme elle l’a prétendu, et sa connaissance du Tibet est peu conforme à ce qu’on sait du bouddhisme tibétain, ou lamaïsme. Elle entretient, dit-elle, des communications avec des Mahâtmas, plus ou moins invisibles,

En 1858, elle passe par la France et l’Allemagne. Elle revient, en janvier 1859, en Russie, à Pskov, chez sa sœur, la veuve Vera Yahontoff, qui, sous le nom de plume V. de Jelihowsky, décrira ses exploits paranormaux. Helena Blavatsky n’est pas médium, mais tient, dit-elle, ses pouvoirs de sa volonté, ou des Mahatmas lisant dans la « Lumière astrale », ou d’êtres invisibles, ou par contact avec des « courants de pensée » de personnes mortes ou vivantes. Entre 1863 et 1865, elle voyage au Caucase et surmonte diverses crises psychologiques ou mystiques.

En 1865, elle visite les Balkans, la Grèce, l’Égypte, la Syrie (chez les Druzes qui croient en la réincarnation), l’Italie (Giuseppe Mazzini l’initierait au carbonarisme). Peut-être combat-elle aux côtés de Garibaldi à la bataille de Mentana (1867), où elle serait blessée cinq fois. En 1868, la voici à Florence, en Serbie, puis en Inde, et d’après elle pour la seconde fois, au Tibet. Elle rencontrerait alors le Maître Koot Hoomi, dans le Petit Tibet (Ladâkh), de 68 à 70. En avril 1870, elle souffre de la mort d’un enfant de 5 ans, Yuri, dont elle serait la tutrice : elle en perd la foi en la religion orthodoxe. Suivent des voyages à Chypre (fin 1870), en Grèce. Elle subit un naufrage le 4 juillet 1871, près de l’île de Spétzai. En Égypte, au Caire, elle fonde, avec Emma Cutting (future Emma Coulomb), une éphémère Société Spirite, selon les principes d’Allan Kardec. Elle visite Jérusalem, part à Odessa (juil. 1872), vient à Paris.

Elle se fixe à New York en juillet 1873, à 42 ans. Elle rencontre en octobre 1874 le colonel Olcott, homme de loi, franc-maçon en qui elle voit un premier grand compagnon en théosophie : ils s’intéressent alors au spiritisme, dont elle rejette cependant les idées. Peu après, elle se fait un autre « compagnon » de W. Q. Judge. Elle contracte à New York, en avril 1875, un second mariage avec un Géorgien, Michael C. Betanelly, alors qu’elle restait mariée avec le général Blavatsky. Ce mariage n’aura pas plus d’incidence et de sexualité que le premier, le divorce est prononcé en mai 1878.

La société Théosophique

Elle fonde le 7 septembre 1875 (officiellement le 17 nov. 1875), à New York la Theosophical Society (Société théosophique), avec le colonel Henry Steel Olcott comme président et le clerc d’avocat irlandais William Quan Judge comme secrétaire, elle-même étant simple secrétaire correspondante. L’intention des fondateurs était de créer pour le XIXe siècle un outil efficace au service des idées qui animent la Théosophie.
D’où les trois buts de cette Société :
– Former le noyau d’une Fraternité universelle de l’humanité, sans aucune distinction de race, de couleur ou de croyance.
– Encourager l’étude comparée des religions, sciences et philosophies.
– Faire l’investigation des pouvoirs psychiques et spirituels, latents dans l’être humain.
Sur le second point, un effort considérable est mené (préfigurant l’œuvre ultérieure de l’UNESCO) pour faire découvrir à l’Orient et à l’Occident leurs richesses culturelles respectives. Sur le troisième, l’essentiel a été fourni par Helena Blavatsky qui a jeté les bases d’une psychologie transpersonnelle avant la lettre, permettant d’expliquer notamment :
– le pourquoi et le comment des phénomènes spirites et psychiques en général, en les distinguant des authentiques expériences spirituelles;
– le scénario réel du mourir, avec des précisions qui éclairent les récits modernes des rescapés de la mort;
– l’expérience posthume de la conscience, en donnant un sens nouveau à la mort, dans la perspective logique de la réincarnation.

Quant au premier but, qui s’attaquait aux barrières qui divisent les humains (nationalités, castes, religions), des résultats remarquables ont été obtenus sous l’impulsion des fondateurs. Malheureusement, les dissensions qui ont finalement éclaté entre membres influents ont fait que ce mouvement, très fort au XIXe siècle et appelé à un grand avenir, a vite perdu de son dynamisme après le décès de la grande pionnière.

Troisième série de voyages (1879-1885)

Une troisième série de voyages (1879-1885) commence, qui la conduit avec Olcott en Inde. Arrivés à Bombay en février 1879, ils lancent en octobre la revue The Theosophist, où s’affirme l’idée d’une sagesse divine éternelle, la Théosophie, et d’une Fraternité de Sages. Ils rencontrent swâmî Dayânanda Sarasvatî, fondateur du mouvement Ârya-samâj, favorable à une Inde traditionnelle. Madame Blavatsky et le colonel Olcott travaillent, dès déc. 1879, avec un nouveau « compagnon », Alfred Percy Sinnett, journaliste, spirite, enthousiasmé par la théorie des Maîtres (Morya, Koot Hoomi…) qui enverraient de 1880 à 1885 des lettres à Sinnett et aux adeptes. Elle fait voile sur Ceylan (le Srî Lankâ), pays bouddhiste avec Olcott. Ils prennent les cinq préceptes et encouragent un renouveau bouddhiste (surtout dû à Sinnett). En mai 1882, ils s’installent en Inde, à Âdyar, près de Madras. Ce lieu devient le centre mondial de la Société théosophique et un foyer visant à promouvoir l’enseignement indien traditionnel, voire l’indépendance de l’Inde.

Deux épreuves :

Première épreuve : en 1883, le médium Henry Kiddle soutient qu’une des lettres des « Maîtres », publiées par le colonel Olcott, plagie un de ses articles de 1880. De plus, un couple d’anciens membres théosophistes à Âdyar, Alexis et Emma Coulomb, soutiennent que Helena Blavatsky a falsifié les lettres des Maîtres et commis divers artifices pour faire croire en des événements merveilleux ; l’article paraît dans une revue connue, le Christian College Magazine, en sept. et oct. 1884. En 1894, Annie Besant accusera William Quan Judge d’être l’auteur des lettres des Mahâtma. La graphologie atteste que l’écriture n’est pas celle de Helena Blavatsky.

Deuxième épreuve : en déc. 1884, la Society for Psychical Research diligente en Inde une enquête sur les phénomènes paranormaux attribués à Helena Blavatsky. Son rapport, dirigé par Richard Hodgson, publié en déc. 1885, fait scandale : tous les exploits (apparition de lettres venues de Maîtres vivant au Tibet, matérialisation d’objets…) sont classés soit comme des tricheries ou des ruses, soit comme des hallucinations ou erreurs d’interprétation des témoins ; selon R. Hodgson, Helena Blavatsky est « l’un des imposteurs les plus accomplis, ingénieux et intéressants de l’Histoire ».

Le rapport Hodgson sera corrigé dans un sens favorable en 1977 par un autre membre de la Society for Psychial Research, Vernon Harrison. Quoi qu’il en soit, de nombreux témoins déclarent qu’Helena Blavatsky bénéficie de pouvoirs paranormaux, spontanés dans sa jeunesse, ensuite volontaires. Elle peut, selon ces témoins, lire la pensée des autres, augmenter ou diminuer le poids de meubles, matérialiser des objets, faire entendre des coups ou des sons musicaux (cloches, pianos jouant tout seuls), lire des livres rangés dans de lointaines bibliothèques, recevoir des lettres « précipitées » mystérieusement par les Grands « Maîtres de Sagesse » de la « Grande Loge Blanche »…

Derniers voyages

En 1884, Helena Blavatsky se rend à Marseille, Nice, Paris, en Allemagne, au Caire, et revient en Inde qu’elle quitte définitivement en mars 1885. Cette quatrième et dernière série de voyages la conduit en Italie, en Suisse, en Allemagne et en Belgique.

Elle est malade : néphrite chronique, hydropisie, obésité (113 kg) ; elle est quasi impotente. Elle se fixe à Londres en mai 1887. Elle fonde en mai la «Blavatsky Lodge » et en septembre la revue Lucifer. Elle institue en octobre 1888 la « Section Ésotérique » de la Société théosophique, pour des chercheurs plus avancés.

Suite à la parution en 1888 de son ouvrage majeur, La Doctrine Secrète, elle gagne en mai 1889, l’amitié et le soutien d’Annie Besant; Annie Besant sera une grande compagne en amitié et en recherches, comme les compagnons Olcott, Judge, Sinnett. En 1890, elle reçoit la visite du futur Gandhi qui forge grâce à elle sa «conscience nationale » d’Indien et grâce aux théosophistes son accès à l’hindouisme traditionnel de la Bhagavad-Gîtâ.

blavatsky1887

Elle meurt à Londres le 8 mai 1891, à 60 ans, lors d’une grave épidémie de grippe. Elle est incinérée au Woking Crematorium, dans le Surrey.

L’oeuvre d’Helena Blavatsky

En septembre 1877, Helena Blavatsky fait paraître à New York en deux gros volumes, en anglais, « Isis dévoilée », 1400 pages. L’immense ouvrage est aussitôt épuisé. D’un côté, le New York Herald Tribune le tient pour « une des productions remarquables du siècle »; de l’autre côté, le célèbre linguiste et orientaliste Max Müller déclare l’auteuer « incompétente ».

En 1888, elle publie en anglais, à Londres, en deux gros volumes, son livre le plus connu, « La Doctrine Secrète ». Ce livre, son second monument littéraire reposerait sur un livre mystérieux, Le Livre de Dzyan, qui, selon certains, démarquerait un traité de la kabbale juive, le Zohar.

D’autres livres sont écrits, pour faciliter l’entrée en Théosophie : La Clef de la Théosophie (juillet 1889), Glossaire de Théosophie (édité en 1892).

Selon certains, son œuvre relève de l’ésotérisme, de l’orientalisme, de la cause des femmes, de la parapsychologie ; ses ouvrages ont fait connaître et ont apporté à l’Occident l’essence des traditions spirituelles les plus anciennes.
Le romancier et historien Theodore Roszak a soutenu en 1975 que « Helena Petrovna Blavatsky est certainement l’un des esprits les plus originaux et les plus pénétrants de son temps. René Guénon, l’un des opposants les plus documentés au théosophisme, considérait au contraire celui-ci comme étant «une erreur des plus dangereuses pour la mentalité contemporaine».

Pour celles qui désireraient avoir une idée de « la doctrine secrète » voir le texte d’origine en pdf à la Bibliothèque Nationale