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Impressions de la Conférence internationale de Sakyadhita 2015

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Lundi, 13 Juillet, 2015

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Elles sont venues en robes et vêtements de ville, avec des cheveux parfaitement coiffés ou des crâne rasés, en sandales, en bottes ou en talons hauts. Elles sont venues de partout dans le monde, par avion, par bus, à pied. Elles sont venues, plus de 1.000 d’entre elles, à la recherche d’inspiration. Et c’est ce qu’elles ont trouvé.

La Conférence 2015 de Sakyadhita est la première à laquelle j’ai assisté, bien qu’elle soit proposée depuis près de 30 ans maintenant. Organisée par une monastique qui pratique le bouddhisme tibétain et enseigne à l’Université de Californie à San Diego, la Vénérable Karma Lekshe Tsomo, cette conférence pour les femmes bouddhistes a été centrée sur le thème de la compassion et de la justice sociale. Elle est le fruit du travail de la Vénérable Lekshe, de nombreux autres nonnes et moines, et des dizaines de femmes et d’hommes bénévoles qui n’ont gagné rien d’autre que la satisfaction de savoir qu’elles/ils ont aidé tant de personnes.

La conférence de cette année s’est tenue à Yogyakarta, en Indonésie, où le temps était chaud et humide, de sorte que les événements ont pu se dérouler entièrement en extérieur sous de grandes tentes et des vérandas. Cette conférence a réuni des monastiques, des érudites, des fidèles laïques, et a même reçu la visite de la reine mère.

Sakyadhita International est une organisation qui a été créée pour soutenir les femmes qui veulent devenir des bhikkhunis pleinement ordonnées, une aspiration qui a rencontré la résistance patriarcale masculine depuis des siècles. Donc, je pensais que la plupart des 50 oratrices allaient exposer divers détails des préceptes monastiques et leurs commentaires et sutras associés. Il y a eu effectivement des exposés sur ce sujet, mais ce que j’ai découvert, c’est que le navire a déjà quitté le port.

Des femmes reçoivent « l’ordination supérieure » (c’est à-dire la complète ordination, comme les moines) en nombre de plus en plus grand dans des pays tels que l’Australie, le Bangladesh, le Bhoutan, le Sri Lanka, la Thaïlande et les États-Unis . En fait, une ordination theravada de ce genre s’est précisément déroulée en Allemagne pour la première fois au moment même de la conférence. Bien que cela soit loin d’être devenu facile pour elles, de nombreuses femmes ont maintenant la possibilité de choisir cette forme d’engagement. Elles refusent de voir leurs droits niés. Même le Conseil de la Sangha thaïlandaise, qui a déclaré invalide toute ordination complète de femmes dans le Theravada, se trouve confronté à la réalité que ces femmes veulent pratiquer le Vinaya (les règles éthiques monastiques propres à l’ordination complète), et qu’il y a des moines de très bonne réputation et des nonnes qui sont prêts à aller en prison pour leur permettre de le faire.

Bhante Sujato, l’un de ces moines courageux, réputés, a conseillé aux participantes de la conférence de ne pas devenir semblables à la hiérarchie masculine rigide qui résiste aux femmes, et aussi, de ne pas se définir elles-mêmes par opposition à ces hommes. Ceci est un sage conseil qui fait écho à l’enseignement du Bouddha dans le Dhammapada:

«Il a abusé de moi, il m’a frappé,
il m’a accablé, il m’a volé.  »
Ceux qui nourrissent de telles pensées
n’apaisent pas leur haine.

Cette évolution ouvre la porte à un nouveau rôle pour Sakyadhita, l’un des plus grands rassemblements de femmes et de monastiques bouddhistes inspirantes, pour son développement et pour que ses membres soient impliquées dans leurs propres communautés. Ainsi, la conférence de 2015 a été un appel à l’action. À maintes reprises, les oratrices ont exhorté les participantes à prendre des mesures pour améliorer le monde. Elles ont pris des exemples historiques telle Arya, une laïque anonyme, qui protégea la nonne indienne Sudinna contre le harcèlement sexuel, et des exemples contemporains tels que Jiyul Sunim, une religieuse sud-coréenne qui proteste auprès des tribunaux contre la destruction de l’environnement. Ce sont des femmes dont les énergies ont été et sont consacrées à un engagement direct en vue d’alléger les souffrances du monde.

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Outre ces présentations, des enseignements du Dharma ont été exposés par des enseignantes mondialement reconnues telle la Vénérable Tenzin Palmo et l’invité d’honneur, Ajahn Brahm. J’ai particulièrement apprécié celui de la Vénérable Thubten Chodron sur la reconnaissance de l’intérêt egocentrique comme une force motrice à la fois dans l’arrogance et le manque d’estime de soi. Sa suggestion d’appliquer notre esprit critique à cet aspect de l’esprit semble utile, mais seulement si elle est appliquée en douceur et avec une vision embrassant un intérêt universel pour tous les êtres.

Le programme de la conférence comprenait une méditation guidée chaque matin. Le jour où j’ai offert la méditation, j’ai commencé par de brefs commentaires sur l’enseignement Mahayana classique : « La forme est vide. Le vide est la forme. » Cela a suscité des conversations passionnantes. Avec le chant proposé en plus de dix différentes formes traditionnelles, la variété de l’enseignement de la méditation a été l’un des aspects les plus fascinants de la conférence.

Le voyage a été couronné par une visite de deux jours dans les temples et monuments de l’Indonésie. Cela touchait en profondeur. Je me tenais sur les marches du temple de Borobudur, dans la lumière de l’aube, avec des larmes dans les yeux. La puissance de la pratique était palpable. Nous nous sommes assis en zazen au sommet du temple tandis que le soleil se levait sur nos visages et sur les épaules des centaines de Bouddhas assis.

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Cette expérience émouvante a été suivie par une visite à Kalasan, qui serait le plus ancien temple dédié à la compassion sous la forme de Tara, et au temple Mendut qui abrite une énorme statue du Bouddha primordial Vairocana, l’enseignant de la vacuité. Pour moi ces lieux éveillent une profonde gratitude envers toutes celles et tous ceux qui ont pratiqué avant nous et ont veillé à ce que les enseignements du Bouddha continuent à prospérer. J’ai appris que l’Indonésie a joué un rôle important dans cette continuité, comme étant le lieu où le célèbre moine indien du 10ème siècle, Atisha, est venu pour étudier les enseignements du Mahayana avec Serlingpa Dharmakirti avant de se rendre au Tibet pour devenir un enseignant vénéré lui-même.

Pour conclure, je suis extrêmement reconnaissante de l’occasion qui m’a été donnée d’assister à la Conférence Sakyadhita. C’est un rassemblement qui nous permet à toutes de boire profondément à notre passé bouddhiste, et d’envisager un brillant avenir où les femmes bouddhistes réaliseront leur plus grand vœu. J’espère que ce rassemblement se poursuivra encore pendant trente ans et au delà.

Source : le blog de la Revérende Konin Cardenas – voir son blog – Traduction Bouddhisme au féminin

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 Voir aussi :

– Quelques informations sur l’Indonésie et des photos de Olivier Adam sur notre blog

– Visionner une vidéo sur ces quelques jours de rencontres.