Dans le dernier Bouddhisme actualités, je lis une fois de plus l’injonction du Dalaï Lama à l’adresse des Occidentaux de ne pas changer de religion, autrement dit de ne pas se convertir au bouddhisme. J’avoue que de pareils propos m’étonnent pour ne pas dire plus. En effet, quelle est l’utilité des centaines de centres tibétains qui ont surgi à travers le monde ces dernières années si ce n’est de répandre le Dharma ?
Par ailleurs, le Bouddha historique a atteint l’Eveil ultime en Inde, dans un pays où régnait l’hindouisme. Par compassion il a mis en route la roue du Dharma, autrement dit il a enseigné, enseignement à la suite duquel des hindous sont devenus bouddhistes, sinon nous n’aurions jamais entendu parlé du boudhisme. Enfin, au Tibet, lorsque Padmasambava est venu prêcher « la vraie religion », il a converti les populations qui auparavant pratiquaient la religion bön.
Ce genre de « conseil » est-il destiné à ne pas créer d’inimitié de la part des écclésiastiques occidentaux à l’égard du bouddhisme ? C’est pourquoi vous titrez «le respect entre les religions», mais le respect d’autrui n’a rien à voir avec conseiller aux gens de ne pas devenir bouddhiste !!!
Le bouddhisme est une quête individuelle de la vérité, le Bouddha historique a insisté nettement sur le fait de ne pas « croire », mais de connaître par soi-même. Alors conseiller au gens de s’en tenir étroitement à leur cadre religieux de naissance, n’est-ce pas les regarder comme des enfants incapables de réflexion personnelle ?
J’ai également vu dans l’article précédent, cette métaphore du Dalaï Lama au sujet du syncrétisme religieux. Il ne faut pas dit-il mettre une tête de yack sur un corps de mouton. Mais n’a t-il pas lui-même commenté les Evangiles ? et Thich Nat Hanh a écrit : Bouddha vivant Christ vivant ?
Est-ce que, au contraire, s’ouvrir à ce qui a de la valeur dans les autres religions n’est pas une nécessité absolue de notre temps ? les Chrétiens, les Hindous, les Musulmans ont bien besoin de connaître le Bouddhisme et, réciproquement, le Bouddhisme peut apprendre des grands êtres réalisés qui existent aussi dans les autres religions.
D’ailleurs le Bouddhiste a évolué de façon tout à fait différente dans les pays où il a fleuri, par un syncrétisme avec les coutumes et la culture du pays d’origine, comment en serait-il autrement ?
Le bouddhisme tibétain n’est-il pas bien différent du Zen et du Théravada ? Le syncrétisme est inévitable. L’Occident devra trouver sa propre voie et se détacher des aspects culturels qui se sont greffés au Tibet, au Japon et dans le pays d’origine du bouddhisme, l’Inde. Danièle