Elle est, ou plutôt devrait être, la figure la plus emblématique des pratiquantes du bouddhisme tibétain dans le monde. Et cela à deux titres, le plus prestigieux d’abord, sa pratique en tant que nonne bouddhiste durant douze ans dans un ermitage à plus de 4000 m d’altitude, dans une solitude totale durant les sept longs mois d’hiver. (voir le résumé de sa biographie à la rubrique livres)
L’exigence de sa pratique, sans équivalent chez d’autres Occidentales ou Occidentaux et chez l’écrasante majorité des moines tibétains, lui confère une autorité particulière.
Son second titre de gloire est la force et la détermination avec lesquelles elle parcourt le monde depuis des années afin de réunir des fonds en vue de restaurer la lignée disparue de yoginis de la secte kargyupta à laquelle elle appartient et de créer un lieu de pratique destiné spécifiquement aux femmes.
Car elle a connu de grandes difficultés, en tant que femme, pour recevoir des enseignements de la part de moines qui les lui refusaient, mais lui prédisaient qu’avec le mérite qu’elle devait s’efforcer d’acquérir, elle allait sûrement un jour obtenir la grâce de renaître dans le corps d’un homme.
Il est très significatif de noter qu’elle a refusé de prendre la tête du monastère qu’elle a établi dans le Nord de l’Inde. Un homme qui aurait accompli le dixième de ce qu’elle a fait se considèrerait sans problème comme apte à enseigner et à diriger les autres. C’est peut-être cette humilité qui prive les femmes de modèles dont elles ont tant besoin.
Il faut absolument lire le livre écrit sur elle par Vickie Mac Kenzie, heureusement, pour une fois, traduit en français : Un ermitage dans la neige (aux Editions Nil).
Ce livre qui a été publié en France il y a plus de trois ans n’a pas été largement diffusé dans le milieu bouddhiste.
C’est bien dommage, peut-être dérange-t-il car il ose parler ouvertement de la discrimination et du sexisme dans le bouddhisme, particulièrement dans le bouddhisme tibétain, un sujet généralement évité dans les médias bouddhistes où le désir de montrer la richesse de cette tradition incite à en minimiser, voire en ignorer les imperfections — notamment à l’égard des femmes : réalité dont justement nous voulons débattre.
Des centaines de centres Tibétains ont vus le jour en Inde depuis l’invasion du Tibet. Combien y en a-t-il qui soient destinés aux nonnes ?
En pensant à cela peut-être verrez-vous autrement les photos de moinillons dont les médias sont si friands.
En France, les monastères sont réservés aux adultes pratiquants et sont mixtes, bien qu’à notre connaissance, toujours dirigés par des hommes.
C’est moins vrai dans les pays anglo-saxons où des nonnes dirigent des centres tibétains importants. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Tenzin Palmo est anglaise.
Il faut se demander si le principal obstacle pour les femmes n’est pas un manque de confiance en leurs capacités, d’où la nécessité vitale d’avoir des modèles vivants comme Tenzin Palmo.
Il faut visiter son site, découvrir l’avancement de son projet, lire des interviews, marrainer activement les nonnes : www.tenzinpalmo.com
Ecouter sa déclaration lors du congrès de Hambourg en juillet 2007 qui traitait de l’ordination complète pour les nonnes dans la tradition tibétaine : 1ère partie – 2ème partie – 3ème partie.
Deux vidéos de Sagesses Bouddhistes, enregistrées lors de son passage en France en 2009 :