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La fondation de l’ordre des nonnes

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bikkhunisGrâce à Ananda, disciple et cousin du Bouddha auprès de qui il plaida leur cause, les femmes purent entrer dans la vie monastique. Mais de dures règles de discipline leur furent imposées pour devenir nonnes.

A l’occasion d’une visite du Bouddha à Kapilavatthu, sa mère nourricière Mahapajapati vint à lui avec une proposition qu’il trouva extrêmement malvenue et pesante. Depuis la renonciation de Siddhatta, de Rahula et de son fils Nanda, elle n’avait plus personne dont s’occuper si ce n’est sa fille Sundarinanda. Après la mort de Suddhodana elle n’eut plus de devoirs domestiques et se tourna donc, à un âge avancé, vers la religion. Un jour elle chercha le Bouddha dans le bois Nigrodha en dehors de la ville et lui dit :  » Cela serait bien si les femmes aussi pouvaient s’engager dans la vie sans demeure (c’est-à-dire comme nonnes) selon le Dhamma que tu proclames.  » Le Bouddha fut évasif et négatif et demeura sur son refus même quand Mahapajapati réitéra sa demande.

En larmes à cause de ce refus, qu’elle regarda comme une ingratitude, Mahapajapati retourna à Kapilavatthu (Cv 10, 1, 1).

Un peu plus tard, le Bouddha quitta sa ville natale et, par de courtes étapes, atteignit la capitale Licchavi, Vesali, où il s’installa, comme l’année précédente, dans le hall à pignons.

Pendant ce temps, Mahajapati avait repris courage, coupa sa chevelure, prit la même robe ocre qu’un moine et suivit les traces du Bouddha, accompagnée de, dit la légende, de nombreuses femmes shakya. Les pieds enflés et couverts de poussière, elle arriva à Vesali, où Ananda la vit alors qu’elle approchait du hall à pignons. Les larmes aux yeux elle confia à Ananda son voeu que le Maître permît la fondation d’un ordre de nonnes (10, 1, 2).

EIle ne pouvait trouver avocat plus compétent. Ému, Ananda transmit le plus cher de Mahapajapati au Buddha, qui de nouveau refusa. Alors Ananda commença à défendre les femmes:
–  » Seigneur, des femmes qui s’engageraient dans la vie sans demeure selon ton Dhamma et ta discipline pourraient-elles atteindre la perfection (c’est-à-dire l’illumination) ?
– Oui, Ananda.
– Seigneur, puisqu’elles en ont sont capables et puisque Mahajapati Gotami t’a rendu grand service, à la fois comme tante du Bienheureux et aussi, après la mort de ta vraie mère, comme seconde mère, gardienne et nourrice, pour cette raison même ce serait bien si tu permettais aux femmes d’entrer dans la vie sans demeure selon ton Dhamma et ta discipline.
– Ananda, si Mahapajapati promet d’observer huit règles spéciales, que cela lui tienne lieu d’ordination.

Il énonça à Ananda les huit points, tous visant à subordonner les nonnes (bhikkhni ) aux moines. (bikkhus). Apprenant d’Ananda les huit points, Mahapajapati consentit aux conditions et fut ainsi ordonnée comme la première bhikkhuni du Sangha bouddhiste.

Le Bouddha n’avait pas consenti de son plein gré à la fondation de l’ordre des nonnes ; seule la contrainte morale d’accéder au désir de sa mère nourricière l’avait induit à abandonner son refus initial. Ce qu’il pensait de l’ordre des nonnes apparaît dans ce qu’il dit à Ananda lorsque ce dernier lui fit part de l’accord de Mahapajapati sur les huit points :

 » Ananda, si les femmes n’avaient pas obtenu (le droit) d’entrer dans la vie sans demeure selon ce Dhamma et cette discipline, la vie sainte aurait duré longtemps, le véritable Dhamma aurait duré mille ans. Mais maintenant que les femmes ont ce droit, la vie sainte ne durera pas longtemps, le véritable Dhamma ne durera que cinq cents ans. »

 » Les maisons avec beaucoup de femmes et peu d’hommes sont une proie facile aux brigands et aux voleurs de trésors familiaux (et il en va de même d’un ordre où les femmes sont admises). Tout comme un champ de riz avec la brunissure et un champ de cannes à sucre attaqué par la rouille périssent (de même un ordre où il y a des nonnes). Tout comme un homme qui bâtit une digue pour la construction d’un réservoir de sorte que l’eau ne déborde pas, ainsi j’ai fixé ces huit règles pour les nonnes, Ananda « .

Mais les choses tournèrent mieux que le Maître ne les avait prophétisées. L’ordre des nonnes bouddhistes, en effet, s’éteignit au XIIème siècle (au Sri lanka, mais pas en Chine )mais la doctrine et l’ordre des moines survécurent de beaucoup aux cinq cents ans prophétisés et sont, aujourd’hui, toujours vivaces et vigoureux.

Le terme bhikkhuni, même s’il désigne communément une nonne, s’applique en fait à une nonne ordonnée depuis 12 ans. A ce stade, elle peut alors demander à l’ordre le privilège de conférer l’ordination. Cela fait d’elle une nonne apte à enseigner (upajjha)

Extraits du livre le Bouddha historique par Hans Wolfang Schuman. Edit. Sully

Au sujet des commentaires du Bouddha sur les femmes, (dont, soulignons-le, il n’y a pas d’équivalent dans les Evangiles chrétiens), est-il possible à une pratiquante bouddhiste de ne pas questionner ces lignes supposées venues d’un être totalement éveillé ?