Bonjour ! Je m’appelle Sœur Lábavatí et j’ai douze ans. Originaire de l’Ouest de la Birmanie (Magwé),
je suis nonne depuis quatre ans.
Moi, c’est Sœur Kundala Kesí et j’ai douze ans. Venue de l’Est de la Birmanie (Shan),
cela fait quatre ans que je suis nonne.
Et moi, je suis Sœur Sucárí et j’ai aussi douze ans. Née à l’Ouest de la Birmanie (Magwé),
voilà trois ans que je suis nonne.
Nous allons te raconter comment se passe notre vie de nonne, dans un endroit tranquille de Yangon (la principale ville de Birmanie). Si tu veux bien, le mieux est de commencer par le début de la journée…
4h00 Réveil
Quand il n’y a pas de coupure d’électricité (très fréquent en Birmanie), la lumière est allumée dans la pièce où nous dormons, à 4 heures du matin. Comme à cette heure-ci, il fait encore complètement nuit, s’il n’y a pas d’électricité, nous devons allumer des bougies.
Aussitôt que nous nous levons, nous plions les couvertures et roulons les nattes sur lesquelles nous dormons pour faire de la place.
La nonnerie dans laquelle nous vivons n’est pas immense et nous sommes de nombreuses nonnes à y habiter. Pour cette raison, la pièce où nous dormons devient pendant la journée la pièce où nous étudions.
Quand nous avons rangé nos nattes et nos couvertures, nous allons faire notre toilette. On se lave le visage à l’eau fraîche et on se brosse les dents.
En fait, il fait encore complètement nuit jusqu’à environ 5 heures.
Nous avons refait certaines choses un peu plus tard dans la journée pour que tu puisses mieux voir.
Avec le flash, les photos ne sont pas très naturelles.
C’est agréable de se passer de l’eau sur le visage de bon matin. Ça donne de l’énergie.
La toilette terminée, nous mettons nos robes du dessus. Nous dormons vêtues d’une tenue monacale qui nous sert de sous-vêtements. La robe de chaque nonne se constitue en fait d’un ensemble de pièces de tissu roses ou oranges (ces couleurs peuvent varier d’un pays à l’autre).
4h30 Hommage à Bouddha
Dès que nous sommes prêtes, nous allons dans la grande salle où se trouvent les statues de Bouddha.
Nous nous asseyons respectueusement, les pieds en arrière, les mains jointes, et nous récitons quelques sutta en pali.
À ce moment-là, nous n’avons encore rien mangé, car il faut attendre l’aube. En fait, nous sommes nonnes parce que nous avons accepté de suivre respectueusement les 8 préceptes. Ce sont 8 choses auxquelles nous avons renoncé pour que nous puissions entretenir une bonne vertu.
Il y a des personnes qui préfèrent accumuler beaucoup d’argent. Mais pour nous, s’entraîner à avoir une bonne vertu, être heureuses même sans rien, et faire preuve de bienveillance à l’égard de n’importe qui, c’est la vraie richesse.
Ces préceptes nous aident à avoir l’esprit très clair, ce qui nous facilite l’étude et la méditation :
s’abstenir de tuer
s’abstenir de voler
s’abstenir de plaisir sensuel et de liaison amoureuse
s’abstenir de mentir
s’abstenir d’alcool et d’autres intoxicants
s’abstenir de consommer de la nourriture solide après le midi solaire, jusqu’à l’aube
s’abstenir de musique, chant, danse, spectacle, parfum, bijoux et autres parures
s’abstenir de s’asseoir ou de s’allonger sur une place réservée à un professeur, un précepteur ou plus haut qu’une personne qui appartient à une catégorie d’individus qui respectent plus de points de vertu que soi ou qu’une personne de la même catégorie que soi mais plus ancienne.
Souvent, les gens pensent que c’est une grande contrainte, car ils voient cela seulement comme une privation de toutes sortes de plaisirs, mais nous pensons que c’est au contraire la meilleure façon de limiter au minimum les problèmes de la vie, de comprendre plus clairement la réalité, et de savoir se satisfaire de peu, où que nous soyons.
5h30 Petit-déjeuner
Nous mangeons à peu près toujours la même chose : surtout du riz, qui est la base de l’alimentation en Birmanie, avec deux ou trois plats divers. Le matin, le riz est froid, et il est généralement accompagné de crudités aigres ou d’une sauce épicée.
Avant de commencer à manger, nous prononçons toujours quelques phrases à l’attention des personnes qui ont eu la générosité de nous offrir la nourriture.
6h00 Départ pour la collecte
Tout au long de la journée (de 6 heures du matin jusqu’à 5 heures de l’après-midi), nous parcourons de nombreux kilomètres à travers divers quartiers, pour effectuer notre collecte des vivres.
Par respect, nous retirons nos sandales pendant que nous traversons le large monastère qui nous sépare de la rue la plus proche. En fait, quand nous allons faire notre collecte, ça dure toute la journée. Aujourd’hui, nous y allons seulement pour une courte durée, juste pour te montrer comment cela se passe…
Comme tu peux le voir sur les photos, nous partons juste avec un pot en aluminium pour y recevoir nos offrandes et un parasol pour nous protéger du soleil, parce qu’en Birmanie, il tape très fort.
Nous faisons la collecte des vivres seulement deux jours par semaine. Pour éviter les abus, les nonnes sont autorisées à faire cela les deux jours avant les jours de pleine lune, de nouvelle lune, de demi-lune montante et descendante. Ce qui fait presque deux fois par semaine.
Comme il y a beaucoup de nonnes dans le quartier, on doit aller loin à pied, parfois en bus, parce que les gens qui vivent ici ne peuvent pas donner à tout le monde. En plus des nonnes, il y a aussi beaucoup de moines et de novices.
Contrairement aux moines et aux novices, on a le droit d’accepter de l’argent, de marcher avec des sandales et de s’abriter sous une ombrelle.
Par contre, comme tout le monde bien sûr, nous devons nous déchausser chaque fois que nous nous trouvons dans l’enceinte d’un monastère, sur la plate-forme d’un zédi (pagode) ou si nous entrons chez des gens.
Le tissu marron que nous portons sur l’épaule sert à nous couvrir la poitrine. Même si cela est plus utile à nos aînées, nous nous entraînons à l’employer quel que soit notre âge.
On espère toujours faire une bonne récolte, parce que ça doit nous faire pour toute la semaine.
Chaque fois que nous voyons une maison ouverte, un marché ou un magasin, nous nous arrêtons devant, en récitant des souhaits de bien-être à tous ceux qui nous entendent. Nous faisons comme cela dans les quartiers où nous avons l’habitude de faire notre collecte, mais aussi tout au long du chemin qui nous y mène.
Le fait de réciter tout haut permet d’attirer l’attention sur nous. C’est encore un avantage sur les moines, qui doivent rester totalement silencieux lorsqu’ils font leur collecte. De plus, ils peuvent la faire seulement pendant la matinée.
Par contre, l’avantage qu’ils ont sur nous est qu’ils peuvent faire leur collecte tous les matins et que les gens ont tendance à leur faire plus d’offrandes, parce qu’ils suivent plus de règles de discipline que nous. En tout cas, on est bien contentes d’être des filles, car ça nous fatiguerai trop de sortir si loin tous les jours ! En plus, nous trouvons que la ville est vraiment trop bruyante.
En général, les gens préparent à l’avance ce qu’ils vont donner aux nonnes, car ils savent quels jours nous faisons notre collecte.Tant qu’ils leur reste un petit quelque-chose, ils nous le donnent, en le versant dans notre récipient en aluminium.
Parfois, ce sont les habitants ou les commerçants qui nous donnent, parfois ce sont les gens qui font leurs achats ou qui ne font que passer. Dans tous les cas, les gens nous donnent avec grand respect, car ils savent que nous menons une vie vertueuse et ils sont très contents du mérite qu’on leur donne l’occasion de se faire.
Le plus souvent, on nous donne du riz cru, ou de l’argent. Mais on nous donne aussi des fruits, des légumes, de l’huile, des sucreries, ou des produits ménagers, comme de la lessive, du savon ou du dentifrice.
Contrairement à nous, comme les moines n’ont pas le droit de cuisiner ou d’utiliser de l’argent, on leur donne plutôt du riz cuit et des aliments prêts à manger.
Des fois, nous aimons bien donner un peu de riz aux pigeons. C’est une façon pour nous de faire une bonne action tout en nous réjouissant du spectacle que les oiseaux nous donnent.
La collecte terminée, nous pouvons retourner au monastère, que nous traversons jusqu’à…
…notre petite nonnerie bien tranquille, à l’ombre des cocotiers et bananiers, et à l’abri des bruits de la ville.
8h00 Étude
Les jours sans collecte, donc cinq jours sur sept, nous commençons à étudier le matin dès 6 heures, jusqu’à 10 heures, puis l’après-midi de 1 heure à 5 heures. En fait, comme nous sommes dans un établissement d’études, en dehors des tâches diverses, nous ne faisons qu’étudier.
Nous étudions surtout les enseignements du dhamma. À nos yeux, rien n’est plus important, car c’est ça qui nous permet de comprendre les avantages de notre vie vertueuse, ce qu’est vraiment la réalité et comment mettre fin à tout ce qui peut nous apporter de la souffrance, tout en respectant au mieux tout notre entourage.
Pour avoir une bonne culture générale, nous étudions aussi quelques matières générales, comme la grammaire, les mathématiques ou la géographie.
Le matin, nous étudions avec une nonne professeur qualifiée pour nous transmettre les enseignements du dhamma. Notre professeur est en même temps la supérieure de la nonnerie. Elle nous fait apprendre par cœur chaque texte, et nous explique en détail chaque point, jusqu’à ce qu’on ait tout compris.
10h00 Méditation
Nous méditons un peu dans la journée, mais pas plus de dix ou quinze minutes.
« C’est difficile de rester bien concentré sur le mouvement du ventre. J’arrive bien à méditer pendant dix secondes, mais après, je pense à plein de choses. »
« Moi aussi je n’arrive pas à me concentrer comme il faut. Je pense à plein de choses que j’aime. Mais il paraît qu’on a de moins en moins de pensées quand on médite beaucoup. »
« Quand je ferme les yeux, j’ai tout de suite envie de dormir. Mais ce n’est pas possible, parce qu’on a le dos droit et on ne doit pas s’adosser ; si on s’endort, on tombe ! Des fois, j’ai trop de pensées pour pouvoir méditer. Alors quand je reste assise sans bouger, en respirant tranquillement, au moins ça me calme et ça me repose. »
Nos aînées disent que c’est normal de ne pas arriver à bien méditer dès le début.
Même si ce n’est pas facile, c’est bien de s’entraîner de temps en temps. Quand on voudra méditer plus sérieusement, on pourra aller dans un centre de méditation, où on ne fait que ça toute la journée.
10h15 Tâches diverses
Chaque nonne a ses propres tâches à faire. Nous ne faisons pas toujours la même chose, il y a un roulement.
Par contre, il y a certaines tâches qui sont faites seulement par des nonnes plus âgées que nous, comme la cuisine ou l’achat de denrées.
Aujourd’hui, nous balayons la cour.
Heureusement, la lessive a été faite par d’autres. Mais nous n’y échapperons pas la semaine prochaine.
L’arrosage des plantes…Ça par contre, on pourrait le faire tous les jours, matin et soir, rien que pour le plaisir !
Enfin, nous allumons un feu de bois pour chauffer l’eau.
11h15 Repas
Avant d’aller manger, on prend une bonne douche froide (en Birmanie, on ne trouve presque jamais d’eau chaude).
Il n’y a rien de tel pour se sentir fraîche et en pleine forme !
Nous mangeons toujours en silence. Cela nous aide à avoir une attitude noble et à être attentives dans ce que nous faisons.
Nous avons surtout du riz et des légumes, et parfois un peu de viande ou des fruits, selon ce qu’on nous donne pendant la collecte. C’est rare qu’on aie des sucreries. On s’en passe très bien parce qu’on n’a pas l’habitude d’en manger. En plus, ce n’est pas très bon pour la santé.
12h00 Repos
Après le repas, il arrive que nous faisons la sieste, mais pas toujours.
Si les anciennes sont endormies, nous en profitons pour jouer à notre jeu favori : la marelle.
Quand on s’amuse, le temps passe toujours trop vite !
13h00 Étude
Ensuite, nous passons l’après-midi entière à étudier et réviser nos leçons, mais par nous-mêmes, sans professeur.
Nous répétons inlassablement les textes en pali sur les enseignements du bouddhisme, jusqu’à les connaître par cœur.
Cela nous permet d’emmagasiner de précieuses connaissances que nous pourrons un jour transmettre aux autres.
17h00 Pause
En fin d’après-midi, nous avons une heure de répit.
Souvent, nous allons nous asseoir dehors pour discuter. Nous aimons beaucoup nous retrouver ensemble et parler de toutes sortes de choses. C’est très agréable après une bonne journée d’études. En général, nos discussions finissent en rigolades !
18h00 Hommage à Bouddha
Une fois le soleil couché, nous nous réunissons toutes dans la salle principale de la nonnerie, pour réciter quelques sutta afin de rendre hommage à Bouddha.
Parfois, notre nonne supérieure nous délivre un enseignement. Elle nous explique surtout les avantages à respecter une bonne conduite. Et pour nous aider à mieux comprendre ce que nous étudions, elle nous raconte des histoires très intéressantes qui se passaient au temps de Bouddha.
19h00 Révisions
Ensuite, chacune d’entre nous révise tranquillement dans un coin ses leçons du jour, en répétant à haute voix les textes étudiés.
22h00 C’est l’heure d’aller au lit
Zzzz… Zzzz… Zzzz…
QUESTIONS RÉPONSES…
Sœur Lábavatí
Qu’est-ce que tu aimes ?
Ce que je préfère, c’est l’étude. J’aime aussi les moments de repos, et la fête des lumières, où on envoie des milliers de bougies dans le ciel, dans des ballons en papier.
Qu’est-ce que tu n’aimes pas ?
Aller faire la collecte d’aumônes et faire la lessive.
Que font tes parents ?
Ils récoltent du jus de palme.
Pourquoi as-tu choisi d’être nonne ?
Parce que je voulais étudier le dhamma.
Tu ne voudrais pas avoir des cheveux ?
Non, car ça donne trop chaud. Comme il fait toujours chaud en Birmanie, c’est bien d’avoir la tête complètement à l’air.
Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?
Je veux enseigner le dhamma.
Quel conseil donnerais-tu à celui ou celle qui visite le site dhammadana.fr ?
Essaie d’être novice pendant quelques temps. Même si c’est seulement pour quelques jours, ça peut être une expérience enrichissante.
Sœur Kundala Kesí
Qu’est-ce que tu aimes ?
J’aime étudier, arroser les plantes, et jouer avec l’eau.
Qu’est-ce que tu n’aimes pas ?
Aller faire la collecte d’aumônes, la lessive.
Que font tes parents ?
Ils sont ramasseurs de thé.
Pourquoi as-tu choisi d’être nonne ?
À l’origine, c’est parce que je voulais apprendre le birman. Je viens d’un village où on parle notre propre dialecte. Devenir nonne m’a permis de venir ici.
Tu ne voudrais pas avoir des cheveux ?
Non, car c’est trop d’entretien. Il faut les laver, les rincer, les démêler, les coiffer, les attacher.
Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?
Je veux enseigner le dhamma.
Quel conseil donnerais-tu à celui ou celle qui visite le site dhammadana.fr ?
Tu devrais étudier le dhamma, parce qu’on y trouve les réponses aux plus grandes questions et toute la signification de l’existence. Le bouddhisme, c’est la voie directe vers la sagesse.
Sœur Sucárí
Qu’est-ce que tu aimes ?
J’aime les études. J’aime bien jouer à la marelle, mais aussi à d’autres jeux.
Qu’est-ce que tu n’aimes pas ?
Faire la collecte d’aumônes et la lessive.
Que font tes parents ?
Ils cultivent des pois et du sésame.
Pourquoi as-tu choisi d’être nonne ?
Pour développer beaucoup de mérites grâce à une vie très vertueuse.
Tu ne voudrais pas avoir des cheveux ?
Non, parce qu’on peut avoir des poux, et c’est trop embêtant !
Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?
Je veux enseigner le dhamma.
Quel conseil donnerais-tu à celui ou celle qui visite le site dhammadana.fr ?
Entraîne toi à garder toujours la meilleure vertu possible, en respectant au moins les 5 préceptes. Avec la méditation, c’est ce qu’il y a de plus important. Plus tu es vertueux, plus tu te sens bien dans la tête !
Source : DHAMMADANA.FR
DHAMMADANA.FR —
Dhammadana.fr a été conçu pour expliquer le Bouddhisme de manière simple aux jeunes. Ici ce beau reportage-photos présente 3 petites nonnes birmanes dans leur vie quotidienne, au sein d’un monastère où vivent de nombreuses nonnes enfants.
(Source : Buddha Channel)