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Le rôle des femmes sur la voie spirituelle par Ayya Khema

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Les femmes ont toujours été celles qui soutiennent la foi, dans toutes les religions, et pourtant on ne les entend jamais s’exprimer. Par exemple, les jours de célébration religieuse au Sri Lanka, on voit arriver au temple environ trois cents femmes et dix hommes. Je crois que c’est un état de fait général. Dans les retraites que je propose, il y a toujours plus de femmes que d’hommes. Au début, je pensais que s’était dû au fait que j’étais une femme mais j’ai ensuite appris que c’était pareil partout : il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes qui sont attirées par la vie spirituelle. Si tel est le cas au niveau de la pratique, il faut absolument qu’elles se fassent entendre.

En général, les femmes sont capables de dévotion et d’engagement, ce qui constitue une partie essentielle de toute pratique spirituelle. C’est la partie du cœur, la partie amour. Par conséquent, quand elles commencent à pratiquer, elles ont déjà cette forme d’ouverture. Et, de toute évidence, leur contribution particulière à la voie du Bouddha doit venir de cet aspect « amour ». Une femme peut se former, s’entraîner, développer cette capacité d’amour jusqu’au point où celle-ci n’est plus dirigée vers des personnes mais devient une qualité de cœur.

En développant son cœur ainsi, la femme devient non seulement une bénédiction pour sa famille et ses amis mais elle aura une influence bénéfique sur l’ensemble de l’humanité. Plus il y aura d’amour, plus il sera facile de vivre sur cette planète. Toute femme qui s’entraîne vraiment à développer cet amour inconditionnel, cette qualité de cœur, sera un instrument de paix par excellence.

Pour moi, tel est le rôle des femmes dans toutes les voies spirituelles et, en particulier, bien sûr, sur la voie du Bouddha qui est celle que je connais et que je pratique. Je viens de participer à une conférence pour les femmes bouddhistes et j’ai trouvé très beau de voir réunies tant de femmes qui pratiquaient selon différentes écoles bouddhistes, qui ne partageaient pas les mêmes opinions mais qui étaient capables de ressentir de la bienveillance les unes pour les autres. Je me suis dit que c’était un exemple merveilleux de ce qu’il est possible d’accomplir. Lors de la cérémonie de clôture, quelles qu’aient été les différences, on ne sentait plus qu’une atmosphère d’amour et d’harmonie. Voilà pourquoi je pense que la contribution des femmes est de la plus haute importance et qu’elles doivent se faire entendre.

Aujourd’hui, il est important qu’il y ait des femmes qui enseignent parce qu’elles mettent l’accent sur cet aspect « amour » de la pratique et peuvent, par conséquent, devenir des modèles à suivre. En ce qui me concerne, je n’ai jamais eu de modèle féminin, seulement des enseignants hommes, moines ou laïcs, à l’exception de La Mère, de l’ashram d’Aurobindo à Pondichéry. C’était une occidentale, une Française, qui vivait en Inde depuis plus de cinquante ans quand je l’ai rencontrée. Les Indiens la révéraient comme une grande sainte. J’ai passé trois mois dans son ashram. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de bien la connaître mais je l’admirais énormément. C’est elle qui m’a donné mes premières instructions de méditation. C’était une personne merveilleuse ainsi qu’un excellent professeur. Il y avait des centaines de personnes dans cet ashram et elle dirigeait seule tout ce petit monde avec beaucoup d’amour mais aussi beaucoup de force. Je trouvais cela tout à fait admirable.

Extrait de « Et s’il suffisait d’être présent » de Jeanne Schut (les Enseignements d’Ayya Khema)