Ceci est Mahapajapati Gotami, la belle-mère et la tante de Bouddha et la première femme à demander et à recevoir l’ordination du Bouddha. C’est un détail d’une peinture murale, deux autres détails figurent dans les deux photos immédiatement ci-dessous. Dans ces photos nous voyons six des premières moniales bouddhistes (des bikshunis) qui ont suivi l’exemple de Mahapajapati Gotami et l’accompagnent pour faire les préparatifs avant la méditation. Il semble que Dongyu Gatsal Ling est le premier temple bouddhiste de l’Himalaya à avoir des représentations de ces nonnes. Cette oeuvre et la plupart de celles figurant dans cet article, ont été réalisés par l’artiste Tibétain en exil, Kalsang Damchoe et par ses assistants et des étudiants de « the Kalsang Tibetan Traditional Art of Thangka Painting studio. »
Une poursuite de la fresque murale à la nonnerie Dongyu Gatsal Ling, représentant deux des premières moniales bouddhistes (bikshunis) qui sont historiquement réputées avoir suivi Mahapajapati Gotami.
Une continuation de la même peinture murale représentant quatre des premières moniales bouddhistes.
Il était clair que les bouddhistes chevronnés du public du Musée Rubin cette nuit glaciale de janvier étaient aussi surpris que moi par le caractère mythopoétique de l’art qui leur était présenté. Car personne parmi ceux qui ont étudié l’art de l’Himalaya ne s’attendait à y rencontrer la marque du féminisme que Jetsunma a introduit tranquillement et sans polémiques dans les projections de diapositives. Jetsunma elle-même a exprimé le caractère de ses oeuvres mythopoetiques.
Notre temple est au cœur du monastère Dongyu Gatsal Ling. Comme c’est une nonnerie, la décoration intérieure du temple reflète des incarnations féminines d’Illumination : Tara, Vajrayogini et ainsi de suite – et ceci est particulièrement souligné dans les exquises fresques murales sur les murs et sur les vitraux arrondis. Il y a des murs réservés aux nonnes de haut rang entourant le Bouddha Shakyamuni et Mahaprajapati qui était la belle-mère du Bouddha et la première nonne. Ces sujets sont rarement présents dans l’art bouddhique. Il y a aussi le grand yogi Milarepa entouré de ses disciples femmes .
Quand les gens entrent, ils ressentent immédiatement un sentiment de paix accompagné d’une énergie féminine, douce mais puissante: ils se sentent plein de révérence et édifiés .
Les jeunes femmes de la nonnerie viennent du Tibet, du Bhoutan et du Népal jusqu’à la frontière nord de l’Himachal Pradesh, pour poursuivre une vocation de nonnes bouddhistes dans la lignée Drukpa. Le sanctuaire du temple illustré ici a été récemment décoré d’oeuvres d’art dans le style traditionnel bouddhiste de l’Himalaya, mais en fait radicalement nouvelles en ce qu’elles encouragent la résilience et l’autonomie des femmes de la communauté.
Jetsunma Tenzin Palmo, fondatrice du monastère Dongyu Gatsal Ling et Temple, assise à la droite au premier plan avec les nombreuses jeunes nonnes rassemblées pour commémorer et célébrer le principe bouddhiste féminin. Elle a ouvertement professé que sa motivation pour fonder sa nonnerie a été les 40 années de pratique bouddhiste au cours desquelles elle a vu des femmes délaissées par leurs communautés spirituelles tout en se voyant interdire les plus hauts enseignements.
Le projet de Jetsunma Tenzin Palmo est rien moins que de libérer les aspects féminins qui sommeillent au sein de ces mythes et de ces icônes depuis des siècles. Une bonne partie des figures qui ornent le temple et la salle d’études remontent au 4ème siècle de notre ère, lorsque le principe féminin commença d’être accepté dans les traditions Mahayana partagées par le bouddhisme himalayen. C’est autour du 6ème siècle que la déesse Tara, qui domine le temple DGL par le nombre de ses représentations, apparaît comme la personnification féminine de Kannon qui auparavant était toujours représenté comme masculin en Inde et en Chine, où il venait tout juste d’ être introduit. Il y avait un activisme féministe accompagnant l’assimilation de cette figure dans la société, déjà dès ces premiers siècles, car Kannon, au Japon comme en Chine, a été très rapidement représentée comme une bodhisattvadevi féminine et par la suite, comme la Déesse de la Miséricorde et de l’Harmonie.
Source le Huffington Post, voir l’article complet
Traduction Bouddhisme au féminin