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L’illumination par Joan Sutherland Roshi

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Pour beaucoup d’entre nous, l’illumination est un objectif inspirant, mais lointain. Y a-t-il différents degrés d’illumination ? le Théravada distingue quatre degrés de réalisation spirituelle (le sotapanna, le sakadagami, l’anagami, l’arahanta), le Zen dénombre quatre degrés de « Kensho » (illumination) .
Joan Sutherland, maitre dans la tradition du Zen, explore ce qu’est l’illumination et ce qu’elle n’est pas, et comment nous pouvons en faire l’expérience dans notre vie quotidienne.

Au cœur même du bouddhisme se trouve la promesse de l’illumination. C’est la flamme lumineuse qui éclaire le dharma, et la riche variété des pratiques développées dans les traditions qui composent le bouddhisme sont toutes d’une manière ou d’une autre au service de cette promesse. Pendant des millénaires, en réponse aux luttes et aux chagrins de la vie sur cette planète, et en l’honneur de la beauté à couper le souffle de la vie sur cette planète, des gens ont passé cette flamme de main en main, s’encourageant mutuellement à participer à l’éveil – d’une lenteur désespérante et incroyablement fragile – de notre monde dans son ensemble.

En Occident, l’idée de l’illumination s’est un peu détériorée, en partie parce que l’intensité de nos désirs nous rend si vulnérables à la déception. Certains d’entre nous n’y croient plus, ou pensent que c’est un domaine réservé à quelques personnes spéciales seulement. Certains d’entre nous l’ont interprété faussement comme un projet d’amélioration du moi, et ont donc manqué son pouvoir non seulement d’amélioration, mais aussi de transformation. Qu’advient-il lorsque nous lâchons nos projections concernant l’illumination? Pouvons-nous trouver le lieu où la sagesse née de plusieurs générations d’expérience nous rencontre là où nous, chacun de nous, vivons réellement? Et pourrions-nous prendre le risque d’une pratique au jour le jour de l’illumination?

À propos de l’illumination, Dipa Ma dit une fois : « Les femmes ont un avantage, car elles ont un esprit plus souple… Cela peut être difficile pour les hommes de comprendre cela parce que ce sont des hommes. »
Je lui demandai : « Y-a-t-il un espoir pour nous ? »
Elle répondit : « le Bouddha était un homme et Jesus était un homme. Alors oui, il y a un espoir pour les hommes aussi. » Joseph Goldstein
(Extrait de Dipa Ma, Présence et Rayonnement d’une femme bouddhiste)

Voici le récit transmis avec la flamme : L’illumination est notre vraie nature et notre foyer intérieur, mais les complications de la vie humaine nous la font oublier. Cet oubli est vécu comme un exil, et nous créons des structures complexes d’habitudes, de convictions et toute une stratégie pour se défendre contre cette solitude. Mais cette condition n’est pas désespérée, il est possible de démanteler ces structures afin que nous puissions revenir d’un exil qui a toujours été illusoire vers un foyer qui a toujours été là, juste sous nos pieds.
Pour beaucoup d’entre nous, il y a quelque chose qui nous pousse et quelque chose qui nous attire. Nous sommes poussés par notre propre souffrance et par la souffrance que nous voyons dans le monde qui nous entoure, nous sommes attirés par l’intuition qu’il y a quelque chose de plus grand et de plus vrai que nos façons égotiques ordinaires de vivre la vie. Voici une tradition qui dit que, oui, nous comprenons cela, et il y a des moyens de faire de cette intuition pas simplement une question de hasard, mais quelque chose d’immédiatement et de systématiquement présent. C’est possible de nous rendre disponible, à toutes les heures de la journée, à la grâce à laquelle nous aspirons, et de répandre cette grâce sur le monde qui nous entoure.

Donc, nous devrions nous arrêter un peu sur ce sur quoi nous parlons. Le terme « illumination » est utilisé pour traduire un ensemble de mots existant dans diverses langues asiatiques, lesquels, bien que proches, ne sont pas exactement identiques. Plus fondamentalement, l’illumination se réfère au mot Pali et sanskrit bodhi, qui signifie plus littéralement «éveil».
Le mot « illumination » a un caractère d’absolu, comme s’il décrit un état stable, quelque chose qui n’est pas soumis au temps et à l’espace ou aux aléas de la vie humaine. Nous imaginons qu’une fois franchi ce seuil, il n’y a pas de retour en arrière. En termes bouddhistes, voir la façon dont les choses sont vraiment, c’est l’illumination, et notre expérience de la façon dont les choses sont vraiment, c’est aussi la (même) illumination. C’est la nature vaste et grandiose de l’Univers lui-même, et c’est la façon dont chacun d’entre nous pense, ressent et agit lorsque nous sommes conscients de cette grande illumination qui se manifeste en tant que nous-mêmes et que nous y participons. Cela n’évacue pas notre façon ordinaire d’être, c’est plus comme si nous avons vécu dans deux dimensions, et que, désormais, il y en a trois. Les fraises ont encore le goût de fraises et les mots durs sont toujours durs, mais maintenant nous sommes conscients de la façon dont tout interpénètre tout, et que même les choses les plus difficiles sont éclairées de l’intérieur par la même lumière indivise.

Contrairement à l’illumination, l’éveil est davantage ressenti comme un processus qui se déploie, ce qui pourrait expliquer pourquoi au fil du temps, les moyens d’y faire référence se sont différenciés et ont proliféré : la libération, voir sa vraie nature, être purifiée et perfectionnée, atteindre la Voie, ouvrir l’œil de la sagesse, subir la Grande Mort, devenir « intérieur », pour n’en nommer que quelques-uns. Il y a le sentiment de marcher sur un chemin d’éveil de notre premier à notre dernier souffle, et probablement même avant et après ça aussi. Il y a des étapes, de brusques sauts vers l’avant et des faux pas dévastateurs. Alors que nous nous éveillons tous à la même chose, comment nous nous éveillons et comment nous exprimons cet éveil dans nos vies est une aventure personnelle et donne au monde sa texture et sa richesse.

Cela ne veut pas dire que l’illumination et l’éveil sont deux choses différentes, ce sont juste différentes manières de regarder la même chose. La poète Anna Akhmatova parle de la vague qui se lève en nous pour répondre à la grande vague du destin vient vers nous. Peut-être que l’illumination est ce qui vient vers nous, une grâce inimaginable auparavant, tandis que l’éveil est ce qui naît en nous, pour se préparer et répondre à la grâce. Dans ce moment de rencontre, nous savons que les deux vagues surgissent du même océan.

L’illumination est transpersonnelle. Pour les Occidentaux en particulier, il est important de garder en mémoire que l’éveil est quelque chose d’autre que des projets d’auto-amélioration du moi auquel nous sommes habitués, il ne s’agit pas d’être une meilleure personne mais de découvrir notre vrai moi, ce qui est tout autre chose. Un des mystères de de la voie est que certaines personnes peuvent sembler avoir des ouvertures spirituelles substantielles et continuer à se comporter comme des imbéciles. Ceci est important parce que cela donne un éclairage sur la nature de l’éveil: avoir une révélation éclairante n’est pas la même chose que d’être illuminé; nous devons laisser l’illumination nous colorer et nous imprégner au milieu même de notre vie quotidienne. Nous devons laisser la vie nous enseigner comment incarner la révélation.

Après avoir eu cette révélation, certaines personnes peuvent croire que l’éveil est d’ordre personnel alors qu’en fait, c’est la chose la moins personnelle qui leur soit jamais arrivée. Et c’est en même temps la chose la plus vraie les concernant qui leur soit jamais arrivé. Découvrir comment ces deux choses (apparemment contradictoires) peuvent être vraies et leurs implications sur la façon dont nous vivons nos vies, c’est ce pour quoi les chemins vers l’éveil existent.

Parce qu’elle est transpersonnelle, l’illumination n’est pas quelque chose qui peut être obtenu, ni atteint, comme une compétence ou une connaissance, pour être exploitée par l’ego. Dans certaines traditions bouddhistes, l’illumination est considérée comme une sorte de propriété fondamentale de l’Univers, un vaste principe unificateur qui se manifeste dans une variété presque infinie de formes. L’illumination est autonome, existant avant qu’il n’y ait eu des êtres humains, ou toute autre forme de vie, pour en faire l’expérience.

Cela a été appelé notre visage originel, ce que nous «sommes», comme quand on prend du recul avant que le monde de nos pensées et de nos sentiments ne surgisse. Alors que les Occidentaux parlent généralement d‘avoir un rêve, dans certaines cultures d’Asie du Sud vous êtes vu par un rêve. C’est un peu comme ça: nous prenons conscience que l’Univers nous a toujours vu dans notre forme la plus pure, et maintenant nous sommes conscients de ce qui est.

Tenter de décrire tout cela relève à peu près d’un pari impossible, ce qui explique pourquoi les gens ont toujours écrit des poèmes et tracé des peintures et ont offert des tasses de thé comme des invitations à voir le visage originel de quelque chose avant que nos jugements et nos opinions ne le déforme. Rilke disait avec satisfaction que Cézanne ne peignait pas «J’aime cela » mais « Ici, cela est. » La révélation illuminante est que « Cela est » au sens large, mais cela arrive par le biais des moments les plus banals. Dans des histoires anciennes, c’était le bruit d’un bambou frappant la pierre ou l’apparition soudaine de cerisiers en fleurs de l’autre coté d’un ravin; aujourd’hui, ce pourrait être en entendant de la publicité à la radio ou en voyant une cannette de bière froissée sur un chemin forestier. « Il y a un autre monde », a déclaré Paul Eluard, « et c’est à l’intérieur de celui-ci. » La clé pour voir cet autre monde semble de laisser quelque chose, n’importe quoi, nous parler sans l’interrompre avec nos habitudes d’exil.

Les Chinois ont une image de la façon dont la révélation illuminante est indissociable des choses de cette terre: un cœur-esprit avec deux portes. La première porte s’ouvre sur l’espace, tandis que le second s’ouvre vers un engagement compatissant dans le monde. Nous marchons à travers la deuxième porte quand nous consacrons nos vies aux autres.

L’arc de l’éveil qui conduit vers ce genre de vie est constitué du chemin, de l’illumination, et de la façon de l’incarner. Les choses ont tendance à suivre généralement cette progression, mais ce sont tous les aspects d’une même chose, et ils se tissent mutuellement. J’ai mentionné que nous pouvons imaginer l’illumination comme un seuil absolu, et cela est vrai dans le sens où nous ne pouvons plus croire en nos illusions comme nous le faisions avant, elles ne sont plus capables de nous enchainer à leur vision limitée de la réalité. Mais elles surgissent encore, parce que ça fait partie de la nature du cœur-esprit humain de les générer. La différence est que nous les voyons pour ce qu’elles sont.

Les enseignements parlent d’une seule pensée illuminée comme étant la totalité de l’illumination, et d’une seule illusion comme l’ensemble des illusions. Ce qui veut dire que nous sommes capables des deux, mais combien est séduisant le désir de trier nos pensées en piles distinctes d’illumination et d’illusion, puis ensuite de choisir une pile plutot que l’autre, mais il ne s’agit pas de ça. Il s’agit d’aller au dela du domaine opérationnel de l’ego qui trie et qui choisit et de descendre dans le lieu à partir duquel toutes les pensées surgissent — parfois déformées, parfois claires. C’est un endroit plus vrai pour se reposer et pour être plus humble.

Nous avons encore des corps qui se détraquent de mille façons étonnantes. Nous faisons toujours face à l’injustice et aux conflits. L’Éveil n’est pas une dérogation aux conditions communes de la vie humaine. Mais il transforme radicalement la façon dont nous les vivons. Nous ne sommes plus des exilés aux abois, mais maintenant enracinés dans notre foyer intérieur, même dans les moments les plus difficiles, pour chercher des moyens de répondre qui permettent le jaillissement de l’illumination qui est présente partout et toujours.

Il y a une histoire à propos de Tolstoï qui parle de ce changement fondamental d’une position egocentrique à une vision élargie, quand on voit le Soi comme infiniment grand, incluant tous les autres. Tolstoï et Tchekhov se promenaient dans les bois au printemps quand ils rencontrèrent un cheval. Tolstoï commença à décrire comment le cheval expérimentait les nuages, les arbres, l’odeur de la terre mouillée, les fleurs, le soleil. Tchekhov s’exclama que Tolstoï avait dû être un cheval dans une vie antérieure pour savoir de manière aussi détaillée ce que le cheval sentait. Tolstoï se mit à rire et dit: «Non, mais le jour où j’ai trouvé mon propre intérieur, j’ai trouvé l’intérieur de tout le monde. »

Beaucoup a été dit sur le chemin de l’éveil, y compris les pratiques qui nous montrent nos habitudes d’exil et comment notre pratique peut nous détourner de ces habitudes vers une vie plus vaste et plus généreuse. Je vais juste mentionner une chose qui se rapporte à la pratique au jour le jour de l’illumination. Surtout au début, la plupart d’entre nous sont encore très centrés sur eux-mêmes, je veux dire par là, la croyance en la réalité absolue du moi et la primauté de ses préoccupations et ses réactions. L’un des résultats déconcertants est que nous sommes ici, dans l’espoir d’un événement qui, par sa nature est sans précédent, et nous pensons que nous savons comment le faire se produire. Nous essayons d’exercer un contrôle sur le processus, et nous croyons que nous pouvons trouver notre chemin vers l’éveil par des actes de volonté.

Il y a une discipline et une persévérance nécessaires sur cette voie, mais elles sont au service de quelque chose de plus utile que la certitude, le contrôle et la volonté. Elles sont au service de la disponibilité. Quoi qu’il arrive, vous devez juste continuer à pratiquer : s’asseoir et méditer, participer à une retraite, absorber les enseignements, affronter la peur, ressentir la douleur, supporter l’ennui, rester ouvert à ce qui dérange et aussi à la douleur des genoux.

Restez juste présent avec un esprit ouvert et un cœur entier. Laissez votre attention se détourner des habitudes de l’exil vers la promesse intérieure, naturellement. Restez disponibles inconditionnellement, ayez confiance que l’illumination vous trouvera.

Après que le Bouddha ait connu sa propre révélation dans l’obscurité de la nuit, il a eu un moment de doute, quand il se demandait comment il serait jamais en mesure de communiquer ce qu’il en était venu à comprendre. Ce n’est que lorsque ses compagnons lui demandèrent de leur enseigner qu’il sortit de sous l’arbre de la Boddhi. C’est la question de l’incarnation à laquelle chacun de nous doit faire face: si la nature de la révélation est universelle, la façon dont chaque individu l’exprime est particulière. Nous n’allons pas toutes et tous devenir des enseignants du dharma, mais dans notre famille, notre communauté, à notre travail et dans l’aspect créatif de notre vie, nous apprenons à vivre notre illumination, chacun(e) à sa manière. Cependant, ce n’est pas comme si notre éveil trouvait son aboutissement dans la révélation et puis que nous sachions quoi en faire. En fait, c’est grâce à l’incarnation dans la vie que l’illumination mûrit en nous.

C’est l’un des grands mystères de la Voie — que l’illumination éclaire non seulement la vie ordinaire, mais se soumet à sa discipline. Nous devons nous donner au monde extérieur pour apprendre à incarner la révélation dans la matière — et de cette façon notre éveil se poursuit. Comme avec la pratique, cela ne peut être accompli par un acte de volonté propre, ce qui explique pourquoi la tradition Mahayana offre à la place le voeu du bodhisattva. Le vœu est généralement décrit comme l’engagement de retarder son propre départ de la roue de la naissance et de la mort, afin de rester dans le monde, en travaillant à l’éveil de tous. Il est naturel de voir cela comme le plus noble des sacrifices, mais c’est aussi une description de ce qui doit arriver pour que l’illumination soit complète. Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est pour s’en retirer ensuite; nous voyons le monde comme il est de sorte que nous pouvons en faire partie de façon plus vraie. Notre liberation n’est pas du monde, mais dans le monde.

Dans certaines traditions Mahayana, la totalité lumineuse de l’Univers, appelé le Dharmakaya, répond au vœu que toutes les choses doivent venir à l’existence et croître vers l’éveil. Le voeu de bodhisattva s’harmonise dans le microcosme avec le voeu macrocosmique du Dharmakaya: nous allons continuer à exister, et nous allons nous consacrer à l’éveil afin que nous puissions aider tout ce qui existe à s’éveiller aussi. Prendre ce vœu, c’est nous permettre d’être à l’endroit où notre illumination est en continuité avec celle de l’Univers — notre vœu continuant le voeu du Dharmakaya — de sorte qu’il n’y ait pas d’obstacle entre notre intention et celle du Dharmakaya.

Alors nous entrons dans une phase d’éveil que nous pourrions, peut-être de façon surprenante, qualifier d’obscurcissement. L’éveil est un mariage de la sagesse et de la compassion, et chacun a un aspect qui est illuminant et un aspect qui est obscurcissant. L’aspect illuminant de la sagesse est une clarté croissante de visions intuitives qui efface les doutes et crée la confiance. C’est ce que nous arrivons à comprendre. L’aspect obscurcissant de la sagesse est notre profonde acceptation du grand mystère au cœur des choses, que nous ne pourrons jamais comprendre par nos moyens ordinaires, mais dans lequel nous pouvons nous reposer et dont nous pouvons nous nourrir. Cela est parfois appelé l’esprit du non-savoir.

L’aspect illuminant de la compassion comprend notre engagement clair à libérer chacun de la souffrance. L’aspect obscurcissant de la compassion est notre volonté d’avoir nos cœurs brisés par le monde, afin que nos cœurs restent ouverts et non pas sur la défensive. Nous voyons que nous ne sommes pas seulement en continuité avec la nature lumineuse de l’Univers, mais aussi en continuité avec le grand cœur brisé du monde, nous partageons une tendresse qui est à la fois d’une beauté poignante et une blessure.

Après tout, si l’illumination est la façon dont les choses sont vraiment, elle est déjà là, dans les choses grandes et petites. Nous pouvons la voir dans nos compagnons sur le chemin, dans cet étonnant projet partagé d’éveil. En devenant plus attentifs à la complexité de la vie humaine, plus reconnaissant de ses bontés, chacun de nous, à son tour, aide à passer la flamme vive d’une main à une autre.
sutherlandJoan Sutherland, Roshi est une enseignante dans la tradition du koan zen et la fondatrice du centre  » Awakened Life » à Santa Fe, Nouveau-Mexique. Elle est aussi une traductrice de textes chinois et japonais et collabore actuellement à une nouvelle traduction du recueil de Koan : La porte sans porte.

Source : Buddhadharma printemps 2013 (extraits) – Traduction Bouddhisme au féminin

Ici l’article complet en anglais