Célébrons encore une autre femme d’un courage extraordinaire.
Malalai Joya, née le 25 avril 1978 est une femme politique afghane, députée, féministe, socialiste, élue en 2005 la plus jeune députée au parlement afghan où elle représente sa ville natale de Farâh, située dans l’une des provinces les plus pauvres d’Afghanistan. Elle est la fille adoptive d’Eve Ensler, féministe engagée notamment dans l’association mondiale V-DAY pour éradiquer les violences faites aux femmes.
Elle dirige le groupe non gouvernemental Organization of Promoting Afghan Women’s Capabilities (OPAWC) qui agit dans les provinces occidentales d’Afghanistan : aide à la santé, à l’éducation et à la formation professionnelle en vue de gagner autonomie économique.
Malalai Joya, celle qui, parmi les 68 femmes actuellement élues au Parlement afghan, manifeste le plus son franc parler a été suspendue de ses fonctions de députée. Infatigable critique des chefs de tribus et des quelques criminels de guerre au sein du gouvernement Karzai, elle en a été expulsée à la suite à une interview télévisée où elle comparait le parlement à un zoo.
L’expulsion de cette femme au franc parler illustre le caractère superficiel des revendications faites au nom de l’évolution des femmes, depuis l’occupation, et confirmées par les rapports des droits humains sur la persistance de l’inégalité des femmes.
Malalai Joya avait un peu plus de 20 ans quand elle a commencé à faire les manchettes en dénonçant la présence de chefs de tribu et des fondamentalistes au sein du Loya Jirga avant les élections de 2005. La jeune féministe, avec les appuis de la population rurale qu’elle avait recueillis, fut élue au Parlement. Elle y continua son combat contre la présence au sein du Parlement de violeurs des droits de la personne, tels que d’anciens commandants et combattants modjaheddins.
En réaction, on lui lança des bouteilles d’eau, on la conspua, on la traita de prostituée en la menaçant de viol et de mort, au sein même du Parlement. Forcée d’être accompagnée de gardes armés lors de ses déplacements, elle a survécu à plusieurs attentats.
Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages dont :
Au nom de mon peuple – Une femme afghane contre les seigneurs de la guerre, Presses de la Cité, 2010
« Ce livre a sans nul doute le mérite du courage, de l’engagement de l’ ouverture et d’une lumière sur un pays qui nous concerne beaucoup, car les enjeux qui y sont en cours risquent d’avoir beaucoup de répercussions, y compris dans nôtre douce France. Il nous permet de mieux comprendre la situation de la femme afghane, de comprendre aussi comment une situation peut être manipulée. Ainsi les 30% de femmes à l’assemblée, et oui plus qu’ en France, ne correspondent à rien, puisque la corruption fait qu’elles votent suivant leur obédience aux seigneurs de guerre qui ont permis leur élection. Mais merci pour un tel courage, et pour l’écriture d’un livre aussi clair qui nous permet de comprendre la situation de la femme afghane et le pays dans lequel elles vivent. »
Elle dénonce inlassablement les erreurs de l’Occident qui soutiennent des seigneurs de guerre, meurtriers et corrompus, qui ne valent pas mieux que les talibans, tout aussi désireux de remettre en place une charia fanatique en vue d’écraser les femmes. L’Amérique dit-elle s’est trompée de combat, elle verse le sang de ses soldats pour une mauvaise cause. Ses paroles relayées et argumentées ont certainement pesé de leur poids dans le retrait des troupes américaines d’Afghanistan.