Les femmes bouddhistes d’Occident sont très largement des laïques. Les nonnes semblent une réponse dépassée pour notre temps. Pourtant, j’aimerai partager ici ce que je crois être une nécessité de l’importance des communautés de nonnes pour l’avenir de la pratique féminine.
Il serait très naïf de la part des femmes de croire qu’elles ont « gagné » le droit à une pratique et à un accès à l’enseignement égal à ce dont bénéficient depuis des millénaires les pratiquants masculins.
Vous avez présenté Jiyu Kennett dans le dernier numéro, une maitresse femme qui a créé un ordre mixte aux Etats Unis. Ayant souffert au Japon et auparavant dans l’église anglicane de discriminations sexistes, elle était très consciente du problème et a veillé à une égalité réelle dans sa congrégation.
Il s’agit d’une congrégation mixte, or qui voyons-nous (d’après le livre de Léonore Friedman) prendre la parole et assumer les responsabilités après la mort du « maître », trois hommes. Non pas deux hommes, une femme, non trois hommes. Un hasard qui n’en est pas un bien sûr, l’histoire nous l’a prouvé, que ce soit dans le christianisme primitif ou le bouddhisme primitif, les femmes enseignaient, étaient reconnues et respectées pour leur réalisation, puis la main mise masculine a commencé. Nous connaissons la suite.
C’est pourquoi je crois que les communautés mixtes ne peuvent pas assurer aux femmes des conditions leur permettant d’accéder au meilleur de la pratique, de devenir enseignantes à leur tour, et donc d’être des modèles pour d’autres femmes.
Je ne suis pas la seule à le penser, Sharon Salzberg aux Etats Unis, enseignante dans la tradition Vipassana, émet des réserves sur l’avenir des pratiquantes bouddhistes, car dit-elle, le risque que les femmes soient à nouveau écartées est toujours là, il est en quelque sorte, inhérent à la nature masculine et il faudra toujours lutter contre cette tendance.
C’est la raison pour laquelle les communautés de nonnes sont infiniment précieuses, les femmes n’y sont pas continuellement menacées par cette tendance masculine à prendre le pouvoir. C’est d’ailleurs à mon avis la raison de la pérennité des nonnes catholiques. Fondation de l’ordre par une femme comme Thérèse d’Avila et plus récemment Mère Térésa, direction et décisions pour l’avenir de l’ordre prises par des femmes pour elles-mêmes.
En Asie, les communautés bouddhistes reçoivent un support financier des laïcs. En Occident, les communautés de nonnes bouddhistes devront trouver des moyens de subsistance comme le font les nonnes chrétiennes, elles n’en seront que plus autonomes et par conséquent moins vulnérables.
L’organisation de retraites et de séjours de ressourcement répond à cette nécessité. C’est pourquoi je souhaite pouvoir trouver en France ou ailleurs des communautés de nonnes que je soutiendrai en choisissant de m’y rendre et de pratiquer avec elles. Josyane.