D’une façon ou d’une autre, tous les acteurs opposés à la société du nucléaire doivent à Solange Fernex d’être ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.
Première femme candidate au nom de l’écologie (c’était à Mulhouse lors des élections législatives de 1973), elle mènera la liste Europe-Ecologie aux premières élections européennes de 1979, est de celles et de ceux qui ont fondé les Verts en 1984, et a été députée européenne de 1989 à 1995. Elle était mariée à Michel Fernex, lui-même militant, ils ont eu quatre enfants.
Récipiendaire de la légion d’honneur, elle avait reçu en 2001 le prix international « Nuclear-free Future Award », l’année même où, avec son mari Michel, elle fondait l’association « Enfants de Tchernobyl Belarus » qui continue d’apporter un soutien aux scientifiques indépendants, et aide les enfants malades des régions contaminées du Belarus à la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
Adepte farouche de l’action non-violence et de la désobéissance civile, elle a été de toutes les luttes pour la défense de l’environnement, pour la condition des femmes, et de façon plus générale en faveur d’un monde plus juste, plus respectueux de l’environnement, qu’il soit naturel ou humain.
Depuis le début des années 1970, elle sera sur tous les fronts de la lutte anti-nucléaire :
en Alsace, lors de l’occupation des sites prévus pour l’installation de réacteurs nucléaires,
en Biélorussie, pour rapporter de Tchernobyl les résultats des études et les informations que les pouvoirs voulaient cacher, dans tous les pays où le nucléaire, qu’il soit civil ou militaire, tue et risque de tuer encore.
Femme de conviction autant que de caractère, ardente défenderesse de la non-violence, elle a été à l’origine de l’anti-nucléaire en Alsace, sinon en France. En 1983, elle entraine des personnes de philosophie et de foi diverses, dont Théodore Monod, à entreprendre avec elle « le jeûne pour la vie », un jeûne de quarante jours pour demander le gel des essais nucléaires.
En 2004, elle proteste contre le mensonge qui entoure le désastre de la contamination radioactive autour de Tchernobyl, contre les ventes d’armes et de centrales nucléaires à la Chine.
« Ne faites rien contre votre conscience, même si l’Etat vous le commande », avait dit Albert Einstein. Un principe qui figure sur la couverture de son livre « La Vie pour la Vie » et qu’elle aura vécu au quotidien, aussi bien dans les grands combats pour le désarmement que dans les luttes plus locales pour la protection des forêts ou de la nappe phréatique.
Elle meurt d’un cancer le 11 septembre 2006. Elle avait 72 ans. L’insoumise (titre d’une biographie qui lui a été consacrée) est allée rejoindre les victimes de Tchernobyl auxquelles elle avait voué sa vie.
Sources : Sortir du nucléaire et la Ligue internationale des femmes pour la liberté