Accueil Films Une affaire de femmes

Une affaire de femmes

PARTAGER

une-affaire-de-femmes

Un film grave, tiré d’une histoire vraie, celle de la dernière femme guillotinée en France. Elle le sera en 1942, non pas pour avoir maltraité quiconque, encore moins assassiné quelqu’un, mais pour avoir aidé d’autres femmes à avorter.

Un simple rappel et parallèle concernant la dernière exécution capitale en France, elle aura lieu en 1977, il s’agit de Hamida Djandoubi, les chefs d’accusation sont tortures et meurtres de plusieurs femmes.

Le fossé entre les chefs d’accusation n’est pas seulement le fait de l’idéologie nazie et de la guerre. Le tribunal d’exception qui condamne la malheureuse femme à mort est composé d’hommes uniquement, et l’on pouvait déjà dire, comme le fera Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny (voir notre hommage à Gisèle Halimi) «Regardez-vous messieurs. Et regardez-nous. Quatre femmes comparaissent devant des hommes. Pour parler de quoi ? D’utérus, de grossesses, d’avortements. Ne croyez-vous pas que l’injustice fondamentale soit déjà là ? »

En 1942, la pratique de l’avortement est considérée par le régime du maréchal Pétain comme un crime contre la sûreté de l’État. En tant que tel, la femme doit être jugée par un tribunal d’exception. Le tribunal est composé de magistrats professionnels, tous des hommes bien entendu. Les jurys d’assises ont été estimés trop indulgents et ont été dessaisis de ce genre d’affaires dès la loi de 1923.

Le procès de Marie-Louise Giraud est considéré comme exemplaire. A travers lui, le régime tente de manifester sa volonté de régénération morale du pays. La répression de l’avortement est ici poussée très loin, puisque l’avocat général peut requérir la peine de mort.

En tout, vingt-sept femmes ont eu recours aux bons offices de l’accusée. Les restrictions de la guerre, les infidélités rendues plus fréquentes par l’éloignement des maris ont rendu bon nombre de grossesses indésirables.

Le président insiste lourdement sur l’immoralité de l’accusée. Le vice conduit bien au crime : c’est le thème principal du procès, et il prépare le terrain à l’accusation. Le réquisitoire de l’avocat général est très dur. II reprend les thèmes distillés par la réglementation de Vichy, qui établit depuis septembre 1941 que l’avortement est nuisible à l’unité du pays, à l’État et au peuple français. La peine de mort est nécessaire dans ce cas-là, selon lui. La cour, après délibération, suit le réquisitoire. Marie-Louise Giraud est condamnée à avoir la tête tranchée.

Seule la grâce présidentielle peut sauver la vie de l’accusée. Mais le maréchal Pétain refuse de commuer la peine. Le 30 juillet 1943, Marie-Louise Giraud est exécutée.

voir wikipedia

le DVD (mais aussi à la Fnac, sur Amazon et ailleurs)