En 1941, la jeune tibétaine Dawa Dreulma n’a que seize ans. Elle se lance pourtant dans la plus étrange des aventures. Inspirée par la divinité Tara Blanche, elle décide en effet d’entrer pendant cinq jours dans un état de catalepsie profonde proche de la mort physique.
Guidée par Tara, elle entreprend alors un extraordinaire voyage qui la mène dans les “champs purs” (les paradis, en quelque sorte) de Gourou Padmasambhava et des divinités Avalokiteshvara et Tara. Mais elle visite aussi les enfers, où elle assiste au jugement des défunts ainsi qu’aux terribles souffrances qui assaillent ceux dont la vie fut négative. Revenue dans son corps, elle livre, faisant le récit de son expérience, un vertigineux témoignage vécu sur l’outre-tombe, tel que le présente la tradition tibétaine.
Délog Dawa Dreulma fut la mère du grand maître nyingmapa Ghagdud Tulkou Rimpoché. Celui-ci parle d’elle dans les termes suivants :
Ma mère était révérée dans tout le Tibet pour ses pouvoirs extraordinaires de lama, mais elle était connue davantage pour sa qualité de délog, terme par lequel on désigne quelqu’un qui a franchi le seuil de la mort et est revenu pour en parler. Dans son cas, il ne s’agissait pas d’une vision ou d’une expérience momentanée de proximité de la mort. Durant cinq jours entiers, elle reposa, sans respirer, son corps froid ne montrant aucun signe de vie, tandis que, souvent guidée par la déesse de sagesse Tara Blanche, sa conscience se mouvait librement dans d’autres royaumes d’existence. Elle entreprit son voyage de délog conformément aux instructions qu’elle avait reçues de Tara au cours de visions, mais contre l’avis de ses lamas qui l’avaient suppliée de ne pas prendre un tel risque.
Il est remarquable qu’une jeune femme de seize ans ait eu à ce point confiance dans son expérience de méditation pour ne pas tenir compte des conseils avisés de lamas très sages et bien plus âgés. Il est vrai qu’elle avait été reconnue comme une émanation de Tara Blanche, puissante force de l’esprit d’Eveil dont l’activité est d’assurer la longue vie et la libération des êtres.
Ses rêves et ses visions étaient issus de sa réalisation : ceux qui notamment, l’avaient menée à son expérience de délog donnaient des instructions précises et sans ambiguïté. Les craintes des lamas qui l’enjoignirent de ne pas entreprendre un tel voyage, mais plutôt de jeûner, de prendre des médicaments et d’accomplir des rituels, n’étaient cependant pas sans fondement. En effet, après avoir quitté son corps et alors qu’elle se trouvait dans le royaume pur de Padmasambhava, elle rencontra son oncle défunt, le vénéré maître Khakyeu Wangpo ; il l’avertit qu’il serait dangereux pour elle de rester là et lui dit qu’elle devait retourner dans le monde des humains afin d’aider les êtres.
Plus tard, pendant qu’elle voyageait à travers le bardo, l’état intermédiaire entre la mort et la renaissance, et les royaumes des enfers et des prétas, une émanation de la divinité féminine Vajravarahi émit un doute sur la capacité de Dawa Dreulma à dispenser beaucoup de bienfaits. “Ma fille, il serait peut-être préférable que tu retournes dans le royaume des humains. Cependant, du fait que tu as repris naissance dans un corps de femme, tu n’auras que peu d’autorité. En cet âge décadent, les gens admettront difficilement la véracité de tes récits.”
Tara Blanche ne partagea pas cette opinion : “C’est une héroïne dotée d’un grand courage”, dit-elle, ajoutant qu’elle avait su ne pas écouter ceux qui avaient essayé de la dissuader. “Si elle retourne dans le monde des humains, elle pourra exercer une influence sur les esprits des êtres en leur parlant de l’éthique qui consiste à adopter une conduite vertueuse et à rejeter les actions nuisibles.”
Commentaire d’une internaute :
J’ai été très touchée par l’activité déployée par la divinité du livre, intensément elle oeuvre pour sauver les êtres, elle va dans les enfers, oubliant sa fatigue avec une énergie formidable et partout où les êtres souffrent, ils peuvent vraiment compter sur elle. Ainsi, nous pouvons la prier intensément, elle nous guidera hors de ce monde terrifiant et fantastique de l’au-delà, décrit avec mille détails étranges. On a, à la fois peur et à la fois confiance. Très, très belle histoire. Merci à Claire Lumière. une internaute bouddhiste.
